4 choses importantes à savoir sur la santé mentale au travail
3 novembre 2022
Isarta lance une nouvelle formation sur la santé mentale au travail. Pour évoquer de ce sujet dont on parle de plus en plus souvent, nous avons interrogé la formatrice, consultante en santé mentale et ancienne travailleuse sociale Chantal Dufort.
1. Un sujet qui n’est plus tabou…
La mission de Chantal Dufort ? « Détaboutiser » la santé mentale en entreprise! Il faut dire qu’en tant que travailleuse sociale dans le réseau de la santé pendant plus d’une vingtaine d’années, elle a été confrontée directement à cet enjeu.
Et si elle a commencé à faire de la prévention dans les entreprises un an et demi avant l’éclosion de la COVID-19, elle reconnaît que la pandémie a au moins eu le mérite de donner un coup de projecteur au sujet.
Avant, on n’osait pas en parler. Aujourd’hui, on est beaucoup plus ouvert à la discussion sur la santé mentale voire à effectuer des changements dans son organisation, » explique celle qui oeuvre aussi bien auprès des gestionnaires que des employés à travers des interventions d’éducation, de prévention et d’actions à long terme.
2. …Mais qui reste encore assez mal appréhendé
Même si les tabous n’ont pas totalement disparu, Chantal Dufort reconnaît que l’enjeu principal aujourd’hui se situe plutôt sur les nouvelles façons de faire de la prévention sur le sujet.
C’est facile de faire une formation en santé mentale. C’est bien plus difficile de s’embarquer dans une démarche de changement de la culture de santé psychologique de son entreprise, insiste-t-elle. Par exemple, quand un employé ne va pas bien et, en conséquence, n’atteint pas ses objectifs ou fait des erreurs, on pense encore plus à des mesures disciplinaires qu’à du soutien pour s’intéresser à ce qui ne va pas ».
Pour elle, la porte d’entrée de la santé mentale en entreprise concerne les personnes qui sont soit convaincues par l’importance du sujet soit les employés ou gestionnaires qui sont au bout du rouleau ! De fil en aiguille, ces salariés vont influencer les équipes potentiellement plus septiques.
La prévention n’est certes pas le sujet le plus sexy mais c’est assurément celui sur lequel il faut investir en priorité. Je donne souvent l’exemple du parc d’attractions. On ne se pose pas ici la question du budget en prévention, il est évident qu’il est nécessaire. C’est pareil en santé mentale », illustre-t-elle.
3. L’importance des gestionnaires dans le processus
J’espère apporter des solutions durables à une réalité qui n’est pas près de disparaitre », assure Chantal Dufort.
Comment ? En premier lieu, en travaillant étroitement avec les gestionnaires. Car ce sont les personnes qui ont le plus d’impact… et qui, en moyenne, vont le moins bien si l’on en croit les différentes études sur le sujet ! L’objectif étant déjà de briser l’isolement des gestionnaires. Sachant également que le message de sensibilisation à la santé mentale doit venir de la haute direction.
Ensuite, on peut par exemple mettre en place des escouades de santé mentale dans l’entreprise. Des gens qui ont des antennes plus aiguisées sur ce sujet, qui seront les petits yeux et les petites oreilles sur le terrain et qui seront outillés pour prendre les bonnes décisions », déclare-t-elle.
Chantal Dufort ne croit toutefois pas à une recette magique toute faite sur le sujet : il faut toujours adapter ses actions à la réalité de son entreprise.
4. Comment voir qu’il y a un problème de santé mentale dans son entreprise ?
La santé mentale est en effet un concept difficile à appréhender.
On a pitché ce sujet dans la cour des gestionnaires durant la pandémie et ils ne savent pas quoi faire avec ça pour la plupart », constate la consultante.
C’est justement l’intérêt de cette nouvelle formation sur Isarta : commencer par expliquer les vrais signes précurseurs d’une dégradation de la santé mentale dans son organisation, en faisant notamment la différence entre le stress et l’anxiété.
Puis, l’idée est de repartir avec des outils et son « plan d’autosoin »… pour ensuite pouvoir semer la graine au sein des équipes !
Tout l’enjeu, c’est de prendre soin de l’être humain derrière le numéro d’employé. L’entreprise sera gagnante en termes de productivité, surtout à l’heure de la pénurie de main d’oeuvre que nous vivons ».