« Workslop » : le nouveau fléau au travail de l’IA qui produit du contenu séduisant… mais inutile ! Reviewed by Kévin Deniau on . 9 octobre 2025 L'IA générative tient-elle vraiment ses promesses de gain de productivité au travail ? On peut en douter à la lecture d'une étude récente parue d 9 octobre 2025 L'IA générative tient-elle vraiment ses promesses de gain de productivité au travail ? On peut en douter à la lecture d'une étude récente parue d Rating: 0

« Workslop » : le nouveau fléau au travail de l’IA qui produit du contenu séduisant… mais inutile !

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9 octobre 2025

L’IA générative tient-elle vraiment ses promesses de gain de productivité au travail ? On peut en douter à la lecture d’une étude récente parue dans Harvard Business Review qui vient de créer un nouveau mot qui risque de faire parler : le « workslop ». Quand l’IA donne l’apparence de faire du bon travail alors qu’en réalité… il faut tout refaire derrière !

Il y a comme un paradoxe. D’un côté, pas un jour ne passe sans qu’une nouveauté soit annoncée par les entreprises technologiques qui investissent des milliards dans l’IA. Pressant les employés du monde entier à adopter ces technologies, sous peine d’être dépassés.

De l’autre, la révolution annoncée tarde à générer des impacts concrets. En juillet dernier, une étude du MIT (portant sur un échantillon réduit de 300 initiatives publiques) a fait grand bruit en annonçant que 95 % des entreprises ne constatent aucun retour sur investissement de leurs investissements en IA générative. Un phénomène baptisé le « fossé de l’IA générative », entre l’adoption massive de ces outils type ChatGPT… et leurs retombées concrètes sur les résultats des entreprises.

Illusion de progrès

Une équipe de recherche du BetterUp Labs, une plateforme de coaching, en collaboration avec le Stanford Social Media Lab, vient d’apporter de l’eau au moulin en dévoilant une enquête sur le « Workslop ». Un néologisme que l’on pourrait définir comme du contenu professionnel généré par l’IA qui donne l’impression d’être du bon travail mais qui manque en réalité de substance pour réellement se révéler utile !

Diapositives léchées, longs rapports, résumés extrêmement condensés, code sans contexte… Les formes peuvent varier mais le constat reste le même : une illusion de progrès qui, au lieu de faire gagner du temps, oblige ses collègues à (re)faire le travail de réflexion nécessaire.

D’après leur sondage auprès de 1 150 employés américains, 40 % des professionnels indiquent avoir reçu ce « travail bâclé » au cours du dernier mois ! En termes de volume, cela représente plus de 15 % du contenu reçu.

Généralement, le phénomène se produit entre pairs (40 %) même si les gestionnaires indiquent en recevoir de leurs équipes (18 %) – ou inversement dans 16 % des cas. Bien que le « workslop » touche tous les secteurs, le rapport note qu’il est prépondérant dans les services professionnels ou technologiques.

Une érosion de la confiance

Certes, les inquiétudes sur l’impact des technologies sur nos capacités cognitives ne datent pas d’hier. En 2006 déjà, le journaliste de The Atlantic Nicolas Carr se demandait si Google nous rendait stupide.

Sauf que le workslop utilise cette fois les machines pour décharger le travail cognitif sur un autre être humain. Lorsque des collègues reçoivent du « workslop », ils sont souvent obligés de prendre en charge le fardeau de devoir décoder le contenu et de déduire le contexte manquant ou erroné », écrivent les chercheurs.

Au lieu de faire gagner du temps, l’IA… en fait perdre ! En moyenne, l’étude estime que les employés passent 2h à régler les problèmes causés par ce « travail » parcellaire.

Pour une organisation de 10 000 travailleurs, compte tenu de la prévalence estimée du workslop (41 %), cela représente plus de 9 millions de dollars par an en perte de productivité, » calculent les chercheurs.

Sans compter les coûts sociaux : agacement, perte de confiance et détérioration de la relation avec ses collègues. Un tiers des personnes (32 %) qui ont reçu du « workslop » déclarent être moins susceptibles de vouloir travailler à nouveau avec l’expéditeur à l’avenir !

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La solution ? Ne pas être des « passagers » mais des « pilotes » de l’IA selon la terminologie utilisée dans l’article. C’est-à-dire savoir discerner quand l’IA générative peut être adaptée à une tâche définie, puis bien utiliser les outils en question avec des instructions pertinentes.

En 2025, la collaboration entre collègues doit inclure les produits qui utilisent de l’IA dans nos flux de travail. Ces outils ne doivent pas être une manière d’esquiver la responsabilité. Il s’agit d’une nouvelle frontière critique en termes de comportements de citoyenneté organisationnelle. C’est ce qui fera la différence entre les entreprises qui maximisent la valeur de l’IA et celles qui l’utilisent sans bénéfice », concluent les auteurs.

De quoi rester optimiste !


A propos de l'auteur

Journaliste numérique - Isarta Infos

Passionné par le marketing et les nouvelles technologies, Kévin a travaillé en tant que journaliste économique. Il a également été entrepreneur. Vous pouvez le contacter sur Twitter @kdeniau ou par courriel kevin.deniau@isarta.com

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