Gérer son équipe avec bienveillance selon Pascal Dufresne
14 juin 2023
Dans ce 11e et avant-dernier épisode de la saison 2 de Vecteur H, l’émission RH diffusée en partenariat avec Isarta, Émilie Pelletier reçoit Pascale Dufresne, cofondatrice de Leadership Inspire & Lab. Le sujet ? La gestion bienveillante en entreprise !
La bienveillance, c’est veiller au bien de soi et des autres. Voici comment le psychiatre Christophe André définit ce concept qui n’est certes pas nouveau mais dont on entend de plus en plus parler dans les organisations. Voire peut-être un peu trop ?
On en a toujours parlé mais, un peu comme l’authenticité, le mot est un peu galvaudé aujourd’hui. Comme tout thème qui devient tendance, on va s’en servir pour faire des affaires et on voit des spécialistes en leadership bienveillant apparaître », constate Pascale Dufresne.
À regret car cette façon d’ajouter de la bonté et de l’humanité à ses actions n’a jamais été autant utile pour les organisations.
Cela fait longtemps qu’on en parle mais, notamment depuis la Covid, elle a pris une dimension encore plus importante. On est devenu plus fragilisé et les gestionnaires se sont retrouvés face à de plus en plus de souffrance et des gens qui veulent être traités comme des humains. Avec plus de sens que d’autorité », poursuit la présidente de firme spécialisée dans le développement des leaders.
Une difficulté : le contexte !
La bienveillance commence à bien faire son chemin malgré tout selon Pascale Dufresne. Il y a 20 ans, quand elle abordait le sujet, on lui demandait si elle allait venir avec de l’encens ! Aujourd’hui, elle prêche plutôt des convertis et ses clients veulent connaître la voie pour y arriver.
Justement par où commencer ? Par soi-même, répond la conférencière.
On n’est pas tous égaux face à la bienveillance. Certes, on la porte tous en soi sauf qu’il existe des personnes qui arrivent à davantage la mettre en avant. Tandis que d’autres seront plus axés par la performance et l’ambition ou le savoir intellectuel. C’est ce que j’appelle le jeu intérieur du leader », explique-t-elle.
D’ailleurs, selon elle, l’humain a la propension naturelle à être bienveillant… mais c’est le contexte qui rend cela plus difficile.
Quand on est soumis à la pression, le stress, la souffrance organisationnelle, notre première préoccupation n’est pas la bienveillance envers l’autre ou soi-même. Ce n’est pas intentionnel mais on priorise autre chose que la bienveillance à ce moment, quand on est dans la peur ou le jugement », indique Pascale Dufresne.
Un savant dosage entre fermeté et bienveillance
Se connaître donc… mais aussi connaître les autres ! Les employés, la culture de l’organisation… Puis, l’idée est de doser, en fonction du contexte, entre fermeté et bienveillance, deux postures qui peuvent paraître antinomiques alors qu’elles sont complémentaires et nécessaires. Autrement dit, un gestionnaire doit réussir à naviguer et lire une situation complexe pour adapter son action. Pascale Dufresne prend ainsi l’exemple d’un enfant qui traverse la route sans regarder et avec qui il faut être ferme.
L’autrice de trois livres, dont Être un leader créateur : Réconcilier performance et humanité- Diriger dans la complexité avec conscience et humanité, paru aux Éditions Béliveau en 2023, fait d’ailleurs une distinction majeure entre gestionnaire et leader.
La gestion est un rôle d’autorité formelle. Le leadership n’est pas un rôle d’autorité mais d’influence. On peut être leader dans une équipe sans nécessairement être gestionnaire. C’est une posture qui va de l’intérieur vers l’extérieur. Le gestionnaire se base sur des règles, le leader sur sa boussole intérieure », affirme-t-elle.
Autre nuance à apporter au rôle de gestionnaire : à ses débuts, 80 % de ses tâches concernent des compétences techniques et 20 % du savoir-être. Un rapport qui s’inverse progressivement à mesure que la personne monte en hiérarchie et en responsabilité.
En conclusion de l’épisode, Pascale Dufresne donne quelques astuces faciles à mettre en place. Comme de commencer une rencontre par un « check-in », en demandant à l’autre dans quel état il arrive à cette rencontre. Une façon plus engagée que le classique « comment ça va ? ». Elle reconnaît toutefois qu’agir avec bienveillance demande des renoncements, notamment… d’oser ralentir ! Mais le jeu en vaut la chandelle pour maintenir une performance durable.
Il faut agir un humain à la fois. Quand on offre de la bienveillance, on va en recevoir en retour. Il faut ainsi être dans un mode d’authenticité courageuse. Tout en gardant à l’esprit qu’on éduque moins par des mots que des actions ! »
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