Identification par biométrie: des bénéfices mais aussi des craintes
Depuis 2013, des centaines d’employés de l’Unique Identification Authority of India (UIDAI) parcourent les quatre coins de l’Inde dans le cadre du projet Aadhaar.
17 mars 2017
Établi en 2009, cet ambitieux programme vise à attribuer au maximum de citoyens un numéro d’identification unique associé à différentes données biométriques.
Pour ce faire, des responsables traversent villes et villages, même les plus reculés, afin de recueillir les empreintes digitales ou bien la photographie de l’iris des habitants qu’ils rencontrent.
À ce jour, plus d’un milliard d’Indiens ont été répertoriés par Aadhaar. Ce nombre représente environ 85 % de la population, dont 99 % des adultes.
En plus de permettre à l’état de mieux contrôler ses programmes sociaux, Aadhaar, qui a coûté jusqu’ici près de 1,5 milliard de dollars, facilite l’accès de la population aux services bancaires. Il a permis entre autres l’instauration récente d’un système de paiement avec identification par empreinte digitale.
Il donne aussi la chance aux Indiens d’ouvrir un compte bancaire simplement à l’aide d’un simple selfie. Cela contraste avec les procédures traditionnelles, généralement longues, fastidieuses et sujettes à la fraude, où plusieurs documents en format papier étaient requis.
Pour la population de l’Inde et ses dirigeants, la concrétisation d’Aadhaar représente un pas énorme en termes de modernité et d’efficience.
Des craintes liées à la confidentialité
Même si des règles ont été mises en place afin de protéger la confidentialité des personnes inscrites au projet Aadhaar, plusieurs individus expriment des craintes quant à l’utilisation que pourraient faire certaines entreprises privées de ce genre de données.
Avant son élection au pouvoir, le premier ministre de l’Inde, Narendra Modi, était d’ailleurs opposé à celui-ci pour des raisons de sécurité. Aujourd’hui, il s’en fait toutefois un des plus grands défenseurs.
Malgré ces réticences, l’usage de la biométrie continue de gagner en popularité, notamment dans le domaine bancaire.
L’utilisation à différentes fins de ce genre de technologie suscite toutefois de l’opposition. Aux États-Unis, Uber et Lyft s’opposent à son utilisation en tant que mesure de contrôle de ses chauffeurs. Des sites à tendance conspirationnistes s’inquiètent de leur côté d’éventuels projets d’identification par biométrie à l’échelle mondiale.
Malgré tout, l’usage de la biométrie fait tranquillement son chemin. D’un côté, des compagnies privées comme MasterCard continuent de développer des produits basés sur ces technologies et d’en faire la promotion. De l’autre, des organismes comme les Nations Unies travaillent de concert avec des firmes technologiques comme Accenture, dans le but de pouvoir mieux identifier les populations de réfugiés, dont les papiers ont souvent été perdus ou confisqués lors de leurs déplacements.