Intelligence artificielle: entrevue avec Mehdi Merai
Dans pratiquement tous les domaines, que ce soit en médecine ou dans le secteur des services, on prédit que l’intelligence artificielle bouleversera les façons de faire.
6 juin 2017
À ce sujet, Isarta Infos s’est entretenue avec Mehdi Merai, cofondateur de Dataperformers et expert en apprentissage machine.
Après avoir complété une maîtrise en informatique de gestion à l’UQAM, Mehdi s’est dirigé vers les études de troisième cycle. Particulièrement intéressé par l’intelligence et les concepts relatifs à la cognition, il décide de continuer son doctorat à l’Université Concordia pour se concentrer sur l’aspect artificiel de l’intelligence.
Si ce cheminement académique lui permet aujourd’hui de travailler dans le domaine de l’intelligence artificielle, il souligne qu’il n’existe pas de programme spécialement dédié à ce champ d’expertise. En fait, celui-ci requiert l’apport de spécialistes de différents domaines. Certains de ses confrères sont notamment issus du domaine des mathématiques ou des statistiques.
En 2013, Amine Ben Ayed et Mehdi Merai fondent Dataperformers, que ce dernier qualifie de producteur d’innovation en intelligence artificielle.
Parmi les projets sur lesquels travaille l’entreprise, notons Spectre AI, un système intelligent capable de distinguer des objets sur une bande vidéo. Une telle solution peut s’avérer utile dans le secteur manufacturier pour une organisation voulant repérer des objets précis sur une chaîne de montage. Elle pourrait aussi être utilisée par une marque voulant repérer l’apparition d’un de ses produits dans une vidéo en ligne.
Entraîner un système à reconnaître un objet précis ou encore une marque précise d’un objet peut être long et fastidieux. Une des particularités de la solution développée par Dataperformers est de permettre que cet entraînement se fasse beaucoup plus rapidement.
Un milieu propice à l’essor de l’intelligence artificielle
À savoir si Montréal est un milieu propice au développement de l’intelligence artificielle, Mehdi Merai répond par l’affirmative. Il cite entre autres la proximité entre les entreprises qui commercialisent des solutions basées sur l’intelligence artificielle et les producteurs de savoir comme les universités.
Mehdi est aussi à même de constater l’intérêt de la communauté pour tout ce qui touche l’intelligence artificielle. Avec Massimo Caccia, il est l’initiateur de Montreal Deep Learning Meet-Up. Ces rencontres regroupent des experts du domaine mais aussi toute personne intéressée par le sujet de l’intelligence artificielle et de l’apprentissage profond. Environ 1200 personnes font partie de ce regroupement et plus de 300 personnes ont assisté à la dernière édition de cet événement, soit plus que ce qui était espéré.
Un développement par vague
Même si l‘intelligence artificielle est déjà présente dans plusieurs secteurs, le grand public ne réalise pas nécessairement toujours ses implications.
Le cofondateur de Dataperformers croit qu’il y aura trois phases qui permettront à la population de réellement prendre conscience de l’impact de l’intelligence artificielle.
Dans la première phase, celle-ci sera entre autres utilisée dans le service à la clientèle, notamment en centre d’appels, afin de gérer des questions de base.
Dans une deuxième phase, des systèmes basés sur l’intelligence artificielle seront en mesure de traiter des questions et des réponses plus complexes. Ils pourront alors être utilisés dans le domaine légal (Botler.ai pour des services d’immigration par exemple) ou encore dans le domaine financier.
La troisième phase consisterait en des changements significatifs concernant les lois mais aussi certaines infrastructures. L’arrivée des voitures autonomes pourrait par exemple demander de revoir la configuration de certaines rues ou la législation concernant la responsabilité en cas d’infraction au code de la route.
Un peu comme un employé dans une entreprise, les solutions basées sur l’intelligence artificielle deviendront de plus en plus performantes au fil du temps et seront en mesure de réaliser des tâches de plus en plus complexes.