La génération Z désorientée sur le marché du travail

25 novembre 2025
Une vaste enquête menée à travers le monde révèle les aspirations contradictoires d’une génération qui doit faire face à la transformation profonde du monde professionnel dans lequel elle arrive. Mobilité record, maîtrise de l’IA, anxiété technologique et activité secondaire : voyons les déterminants de cette nouvelle donne.
153 074. C’est le nombre d’emplois qui ont disparu aux États-Unis en octobre, un chiffre jamais atteint depuis 20 ans et trois fois supérieur à celui de la même période l’année dernière, selon les données du cabinet Challenger, Gray & Christmas.
Une vague de licenciements qui touche principalement les domaines de la technologie. En témoigne les coupes annoncées chez Intel (21 000 postes), Microsoft (15 000) ou encore Amazon (14 000). Parmi les explications évoquées, du moins officiellement : la montée en puissance de l’intelligence artificielle.
Un rapport ambivalent à l’intelligence artificielle
S’il est encore trop tôt pour parler d’emblée de tendance durable, ce type de signaux faibles ne pousse guère à l’optimisme pour la nouvelle génération qui entre ou s’apprête à intégrer le marché du travail.
Un constat que vient confirmer une étude récente de l’agence Randstad, menée auprès de 11 250 talents dans 15 pays et basée sur l’analyse de 126 millions d’offres d’emploi.
Son premier enseignement majeur ? La raréfaction dramatique des postes de juniors. Les offres d’emploi pour les profils ayant moins de deux ans d’expérience ont ainsi chuté de 29 % depuis janvier 2024, avec des baisses particulièrement marquées dans les secteurs de la technologie (-35%) ou de la finance (-24%). Seul le secteur de la santé fait exception avec une hausse de 13 %.

Cette contraction s’explique largement par l’automatisation croissante engendrée par l’IA, qui prend en charge de nombreuses tâches traditionnellement confiées aux juniors (rédaction de rapports, analyses, présentations…).
Une nouvelle réalité dont la génération Z a bien conscience : 46% s’inquiètent de l’impact de l’IA sur leur carrière (un chiffre qui n’était que de 40 % l’an dernier). Même s’il y a un paradoxe ici : cette jeune génération est pourtant celle qui utilise le plus l’IA au travail. 55% l’utilisent déjà pour résoudre des problèmes et 75% s’en servent comme outil d’apprentissage.

L’hypermobilité comme stratégie d’adaptation
Face à ce contexte difficile, la génération née entre 1997 et 2007 développe une approche singulière : elle combine vision long terme et missions courtes.
C’est-à -dire que 85% des jeunes tiennent compte de leurs objectifs de carrière à long terme avant d’accepter un emploi (chiffre le plus élevé toutes générations confondues)… mais leur durée moyenne en poste n’est que de 1,1 an sur les cinq premières années de carrière en moyenne, contre 1,8 an pour les Millenniaux et près de 3 ans pour les générations précédentes.


D’ailleurs, plus de la moitié des talents de cette génération (52%) sont en recherche active actuellement, un tiers d’entre eux (33%) prévoient de quitter leur poste actuel d’ici un an, et seuls 11% ont l’intention de rester sur le long terme.
Le problème à leurs yeux ? Le manque de perspectives d’évolution. Pour 14% d’entre eux, il s’agit de la principale raison de changer d’emploi, soit le 2e motif des raisons de départ les plus citées, juste derrière le salaire.
Le secteur technologie et les activités secondaires comme nouveaux horizons
L’étude montre également que les aspirations sectorielles évoluent à travers les générations. Ainsi, si les domaines rêvés concernaient plutôt la santé, les travaux publics ou l’ingénierie il y a des dizaines d’années, la génération Z se tourne désormais plutôt vers les secteurs à forte croissance comme les TI.
Le gain net pour le secteur est de 70%. Autrement dit : sur 100 jeunes qui quittent d’autres industries, 70 rejoignent la tech.

Autre tendance intéressante : la génération Z est moins susceptible que la moyenne de travailler dans un emploi unique traditionnel à temps plein (45% contre 51%).
Si 24% des répondants indiquent qu’un emploi à temps plein reste leur objectif, près d’un tiers (31 %) préféreraient concilier ce poste avec une activité secondaire (aussi appelée « side hustle »). Une nouvelle normalité en réponse à la concurrence de l’IA sur des tâches de plus en plus importantes ?
