L’IA ne provoquerait pas de perte d’emplois… mais désavantagerait les femmes

23 juin 2025
La firme PwC vient de publier un rapport qui, contrairement à la croyance populaire, démontre que l’IA stimule la création d’emplois et améliore les conditions salariales. Analyse en 5 points saillants.
Ce Baromètre mondial de l’emploi en IA a analysé près d’un milliard d’offres d’emploi et des milliers de rapports financiers d’entreprises dans six continents afin de révéler l’impact de l’IA sur les emplois, les salaires, les compétences et la productivité. Avec des conclusions parfois surprenantes.
1- La demande d’emplois liés à l’IA est en forte hausse
Premier enseignement qui peut sembler contre-intuitif : malgré les craintes d’automatisation, le nombre d’emplois dans les professions exposées à l’IA a connu une croissance… de 108 % depuis 2019 !
Dans ces professions plus exposées, les emplois peuvent être scindés en deux catégories :
- Les « Emplois automatisés », c’est-à -dire un emploi où l’IA effectue certaines tâches
- Et les « Emplois augmentés », à savoir un emploi où l’IA aide le travailleur à mieux faire son travail
Pour ces deux catégories, entre 2019 et 2024, le nombre d’emplois a augmenté dans chaque secteur d’activité analysé, mais la croissance était généralement plus rapide du côté des emplois augmentés.
À l’échelle mondiale, les professions moins exposées à l’IA ont enregistré une forte croissance de l’emploi (65 %) de 2019 à 2024, supérieure à celle des professions plus exposées à l’IA (38 %).
Contrairement aux craintes que l’IA entraîne une réduction importante du nombre d’emplois disponibles, les résultats de cette année montrent que l’emploi croît dans presque tous les types de professions exposées à l’IA, y compris celles hautement automatisables, » résume ainsi Joe Atkinson, chef mondial, Intelligence artificielle chez PwC.
2- Un avantage salarial qui s’amplifie pour les compétences en IA
À l’échelle mondiale, les travailleurs qualifiés en IA bénéficient d’une prime salariale moyenne de 56 %, soit le double de l’an dernier (25 %).
Plus spécifiquement, les salaires croissent deux fois plus rapidement dans les secteurs plus exposés à l’IA comparativement à ceux moins exposés à l’IA. Cette croissance est constatée tant dans les emplois automatisables qu’augmentables.
Il faut aussi dire que, depuis la prolifération de l’IA générative en 2022, la croissance de la productivité a presque quadruplé dans les secteurs d’activité les plus exposés à l’IA (par exemple les services financiers ou l’édition de logiciels). Ce taux de croissance augmente d’ailleurs chaque année (7 % en 2022, 15 % en 2023, 27 % en 2024).
À l’opposé, le taux de croissance de la productivité dans les secteurs les moins exposés à l’IA (comme l’extraction minière ou l’industrie de l’hébergement) a à peine évolué entre 2022 et 2024 (passant de 10 % à 9 %).
3- Une évolution rapide des compétences requises
Autre apprentissage instructif du rapport : les compétences recherchées par les employeurs pour les emplois exposés à l’IA évoluent 66 % plus vite que pour les autres emplois – ce taux était de 25 % l’an dernier.
En plus de redéfinir les secteurs d’activité, la progression rapide de l’IA change fondamentalement la main-d’œuvre et les compétences requises. Et il est difficile pour les employeurs de s’en tirer à bon compte. Même si les employeurs sont en mesure d’offrir l’avantage salarial nécessaire pour attirer les talents dotés de compétences en IA, ces compétences deviendront rapidement désuètes s’ils n’investissent pas dans des systèmes de formation de la main-d’œuvre, » admet Pete Brown, leader, Main-d’œuvre mondiale chez PwC
4- La demande pour la formation académique diminue
C’est une tendance évoquée qui, cette fois, se vérifie dans les faits. L’exigence pour les employés de détenir des diplômes est en baisse, particulièrement pour les emplois exposés à l’IA. Conséquence : cela ouvre des portes aux personnes possédant les compétences recherchées, quel que soit leur parcours scolaire.
Entre 2019 et 2024, la proportion d’emplois exigeant un diplôme a ainsi diminué passant de 66 % à 59 % dans le cas des emplois augmentés par l’IA, et de 53 % à 44 % dans le cas des emplois automatisés par l’IA.
5- Des conséquences inégales entre les hommes et les femmes
D’après l’étude, l’impact de l’IA sur les hommes et les femmes pourrait être inégal. Dans chaque pays analysé, plus de femmes que d’hommes occupent des postes exposés à l’IA, ce qui laisse à penser que les femmes subiront une plus grande pression en matière de compétences.
Un chiffre à rapprocher avec une étude récente de Pew. Selon cette dernière, 63 % des hommes pensent que l’IA aura un impact positif… contre 36% des femmes. À raison semble-t-il donc.
