“SAFe permet d’augmenter l’engagement des équipes et la valeur que livre une entreprise à ses clients”
14 mars 2022
Bruno Bouchard, conseiller, formateur et coach agile est spécialisé dans la transformation d’entreprise. Pour y arriver, il utilise la méthodologie SAFe dont il explique les avantages dans cette entrevue.
Bonjour Bruno. Peut-on déjà rappeler ce qu’est SAFe exactement ?
Bruno Bouchard : Il s’agit d’un corpus de connaissances qui facilite la transformation numérique des entreprises en permettant de déployer à grande échelle la méthodologie agile. Précisément, il s’agit de l’acronyme en anglais de Scaled Agile Framework enterprise (SAFe).
Généralement, on parle d’agilité pour de petites équipes. Avec SAFe, on voit comment mettre en place la structure et la gouvernance agile dans de plus grandes organisations.
Justement, à quelle taille d’entreprise est-il recommandé d’envisager la méthodologie SAFe ?
B.B. : A la base, l’idée est de permettre à plusieurs équipes de travailler ensemble efficacement. Le développement, le marketing, les RH, l’exploitation etc. En disant cela, on arrive vite à plus de 50 personnes pour beaucoup d’entreprises.
La zone idéale proposée par SAFe se situe entre 50 et 125 personnes. Puis, tous les multiples de ces chiffres ensuite, en structurant différemment. C’est en effet une méthodologie particulièrement recommandée quand on commence à ressentir le poids des lourdeurs opérationnelles.
Quels sont les grands avantages de SAFe ?
B.B. : Le grand bénéfice que je vois, c’est de pouvoir mettre en place une structure qui va livrer quelque chose à valeur ajoutée au client en 90 jours. Dans un monde numérique qui évolue constamment, c’est d’une importance cruciale d’un point de vue concurrentiel. Idéalement, il faudrait même pouvoir livrer tous les jours.
Autre avantage : cela résout le manque d’alignement entre les équipes que l’on voit souvent. En apportant des objectifs communs, on donne de l’alignement et donc de la transparence. Il est en effet plus facile de savoir ce qu’il se passe en interne. Ce qui se traduit par un niveau de qualité plus élevé et une exécution beaucoup plus facile au quotidien.
On mesure les bénéfices en termes de qualité donc mais aussi de moral des employés. Ils savent en effet ce qu’ils ont à faire et la communication est plus aisée du fait de l’alignement.
Et les limites ?
B.B. : Souvent, les entreprises qui mettent en place SAFe l’ajoutent au processus déjà existant. Ce qui crée une lourdeur non nécessaire. La bonne pratique, c’est de le remplacer graduellement par SAFe.
Par ailleurs, cela ne sert à rien de l’instaurer s’il n’y a pas d’interdépendances entre équipes. Si ces dernières fonctionnent de manière autonome, cela n’a pas de valeur ajoutée.
Combien de temps faut-il pour rendre SAFe opérationnel dans une organisation ?
B.B. : Il est toujours délicat de comparer les entreprises entre elles, mais je dirais qu’il faut procéder en cycle de 3 mois. Et en fonction de l’avancée, voir s’il faut continuer à le déployer ou de se stabiliser en l’état. Cela marche par niveau.
Je peux ainsi commencer par un niveau essential ou grande solution (complexe) ou portefeuille. Puis, progressivement, le déployer à toute l’organisation. Les options sont ouvertes.
Quels sont les symptômes qui justifient son adoption ?
B.B. : Souvent, cela part d’un problème de motivation des employés du fait de trop grandes interdépendances entre équipes et d’un manque de communication. Ce qui se traduit concrètement par des dépassements de date ou de budget.
Et parmi les 10 grands principes de SAFe qui permettent de résoudre ces problèmes, on retrouve notamment :
- La prise de décision économique. Dès qu’on fait un travail, il faut comprendre avant tout son impact monétaire et le prioriser en ce sens.
- Une entreprise c’est un peu comme un corps humain. C’est-à-dire un système où les organes ne peuvent pas fonctionner les uns sans les autres. Avec SAFe, on n’évite de travailler en silo et on invite à regarder les problèmes tous ensemble.
Sur ce dernier point, il y a notamment la notion de PI Planning, un rituel trimestriel qui vise à aller chercher les gens dont on dépend pour planifier la suite ensemble.
Quels sont les retours concrets des clients sur la mise en pratique ?
B.B. : Dans l’ensemble, c’est très positif. J’ai en tête une organisation qui a voulu faire du SAFe, on les a accompagné et ils ont immédiatement vu la qualité augmenter de 50% et le respect des engagements a doublé. C’est le jour et la nuit ! Tout ça en prenant une charge de travail plus réaliste.
Dans une autre entreprise, cela a permis de rapprocher les équipes qui étaient très distribuées géographiquement. Le fait de les aligner sur les mêmes objectifs communs et de leur apprendre à dire non a permis d’éliminer la barrière de la distance tout en augmentant leur niveau d’engagement.