Wish : tout comprendre aux accusations de fraude
2 décembre 2020
Wish, le géant américain du e-commerce se retrouve dans une tourmente judiciaire française, à quelques semaines seulement de son entrée en bourse.
On fait le point sur les accusations émises contre le site.
Qui accuse qui?
Ce n’est pas la première fois que le site d’achat se voit qualifié de douteux, problématique, ou même de frauduleux. La presse du monde entier rédige article après article sur le sujet, depuis 2017, ou bien avant.
Ce qui change cette fois, c’est que le gouvernement français a mis son nez dans l’affaire.
La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a en effet elle-même enquêté sur le site et dit y avoir constaté des pratiques commerciales trompeuses.
Le 30 novembre dernier, la DGCCRF a publié un communiqué de presse résumant les résultats de son étude.
Que dit le rapport?
Les résultats de l’enquête de l’antenne du ministère de l’économie montre plusieurs choses:
- le site a tendance « à alléguer de manière généralisée de fortes réductions de prix, particulièrement attractives pour les consommateurs (pouvant aller jusqu’à 90% de réduction) mais dénuées de toute réalité économique (elles sont notamment calculées sur la base de prix de référence trompeurs)» ;
- Wish « met en avant des produits de forte notoriété dont certains ne sont pas disponibles sur la plateforme» ;
- il propose également «des produits présentant des logos et signes distinctifs s’apparentant à ceux de marques déposées notoires (notamment marques de sport, parfums prestigieux, etc…) de nature à induire en erreur les consommateurs.»
En d’autres termes, Wish est accusé de proposer des contrefaçons, de mettre en avant, sur les réseaux sociaux notamment, certains produits introuvables sur le site, et d’offrir des prix illogiques pouvant « altérer le comportement des consommateurs et d’induire une concurrence déloyale vis-à -vis des autres commerçants. »
Cédric Ô, le secrétaire d’État chargé du numérique, a relayé l’annonce sur son compte Twitter. Il avertit les Français.e.s qui « utilisent l’application pour y trouver du low-cost doivent savoir qu’ils y trouveront surtout des arnaques ».
Depuis plus d’un an, les enquêteurs de la @dgccrf ont audité les pratiques de @WishShopping. Fausses promos, soupçons de contrefaçon… les conclusions accablantes de l’enquête ont été transmises au Procureur de la République. https://t.co/YdExna8svy
— Cédric O (@cedric_o) November 30, 2020
Il est bon de rappeler que ces accusations semblent être connues par la marque.
Dans son dossier d’introduction en Bourse, déposé le 20 novembre dernier, les équipes du site marchand décrivaient d’ores et déjà les risques liés à leur plateforme:
Notre marque pourrait souffrir si nos marchands recourent à des pratiques non éthiques ou illégales, comme la vente de produits frauduleux ou contrefaits. »
Comme mentionné par le secrétaire d’État, le rapport a été transmis au Procureur de la République. À lui désormais de juger et de confirmer, ou non, les conclusions de la DGCCRF.
Et alors?
Et alors, ces délits sont passibles d’amendes « pouvant aller jusqu’à 10 % du chiffre d’affaires annuel » continue le communiqué de presse. Et ce, uniquement en France.
Cette enquête pourrait en effet donner le goût à certains voisins européens de faire de même.
Contacté par Ouest-France, Cédric Ô espère justement que cette action encouragera les pays membres à modifier les textes européens:
La France milite aussi pour une responsabilité accrue des plateformes d’e-commerce, au niveau européen. Il faut faire le ménage sur certaines pratiques ».
Surtout, cette affaire pourrait jouer en la défaveur de Wish. Son entrée en bourse est un évènement très attendu en cette fin d’année. Toutefois, un scandale judiciaire tel pourrait faire douter de nombreux investisseurs, et impacter négativement l’IPO de la marque.
Aux États-Unis, les géants du numérique, comme Google, Facebook ou encore Twitter, sont d’ores et déjà dans le collimateur des législateurs antifraude et des autorités de la concurrence. Wish pourrait rapidement se rajouter à la liste des groupes visés par les différentes enquêtes menées cette année.
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