Les municipalités pourraient utiliser les données routières d’Uber
La manière dont Uber collecte ses données a fait sourciller bon nombre de groupes de protection de la vie privée ces dernières années. Mais voilà que l’entreprise lève le voile sur sa banque de renseignements pour les mettre à la disposition des villes et du public.
17 janvier 2017
Le 8 janvier dernier, Uber a présenté son nouveau projet en ligne Movement qui donne accès à une partie de ses précieuses données routières collectées au fil des années. Et ce ne sont pas les données qui manquent. Pensez-y, Uber est actif depuis maintenant six ans dans plus de 450 villes partout dans le monde et a effectué plus de 2 milliards de courses. Voilà qui peut en apprendre beaucoup sur l’aménagement des villes.
Comment ça marche
Movement est le résultat de l’agrégation de données anonymes qui permet à Uber d’offrir des représentations graphiques de la durée des trajets selon les routes empruntées, la date de l’année et le moment de la journée.
Les chiens de garde de la vie privée peuvent donc avoir un moment de répit après les nombreux accrocs qu’Uber a faits en ce sens dans le passé. Cette fois, l’entreprise assure que les données utilisées sont agrégées et anonymes.
Mais comment ces données peuvent servir les citoyens exactement? En mars dernier, un feu électrique a entraîné l’interruption du réseau de métro de Washington pour la journée. Comme le réseau compte en moyenne 700 000 utilisateurs chaque jour, une telle panne pouvait rapidement transformer le trafic en véritable cauchemar.
C’est un bon exemple de l’utilité des données récoltées dans la base de données de Movement. On pourrait ainsi constater le moment de la journée où cette interruption a eu le plus de conséquences néfastes sur le trafic et à quels points chauds de la ville, puis y apporter les corrections nécessaires pour améliorer la situation.
Pour le moment, le service est offert à la police et aux autorités des municipalités qui accueillent Uber et qui souhaitent améliorer la planification urbaine. Dans les prochaines semaines, l’entreprise de service de partage invitera les agences d’urbanisme et les chercheurs à explorer le temps de déplacement pour chaque zone, puis ouvrira le service au commun des mortels.
Que gagnera Uber?
On peut se demander pourquoi Uber décide soudainement de mettre ses données à la disposition du public, alors que celles-ci lui permettent justement d’avoir une longueur d’avance sur ses concurrents grâce à sa capacité de prédiction de la demande.
Le site Techcrunh rapporte qu’Uber voudrait en faire profiter les villes, d’une part, mais également qu’elle bénéficierait par la suite des améliorations apportées aux infrastructures par les officiels à l’aide de ces renseignements, d’autre part. Certains croient qu’il s’agirait plutôt d’une stratégie pour redorer son image auprès des autorités publiques comme elle avait été vertement critiquée ces dernières années pour ses pratiques commerciales peu éthiques.
Dans tous les cas, on peut espérer que le projet donnera lieu à des initiatives urbaines intéressantes.