À bas la procrastination!
Une nouvelle formule du Bénévolat d’entraide aux communicateurs (BEC) prenait forme le 7 mars. L’organisme inaugurait sa première soirée de conférences «6 à  8» dédiées à la prévention. Le BEC entend maintenant renseigner et outiller les professionnels, afin de leur permettre de mieux affronter les exigences du monde du travail.
8 mars 2018
Il y a 14 ans, lorsque j’avais 20 ans, j’étais le champion du monde de procrastination», lançait d’emblée Mathias Durand, venu livrer la conférence On jase… procrastination chez Shopify hier soir.
Il était alors en mesure de définir ses rêves, mais incapable de mettre des actions en place pour les atteindre.
L’homme a fait du chemin, car il travaille maintenant pour Procrastination.com. Il enseigne donc aux gens quels sont les obstacles à surmonter pour rester performant à long terme.
Les causes
D’abord, l’orateur établissait les raisons pour lesquelles les employés remettent leurs tâches à plus tard:
- manque de motivation;
- peur de l’échec;
- besoin d’obtenir une gratification immédiate;
- distraction.
À l’intérieur du cerveau, les émotions prennent autant d’espace que l’éléphant dans l’image ci-dessous. Le rationnel, lui, occupe la place du cavalier.
À L’instar du dessin présenté, le travailleur doit dompter son éléphant intérieur pour réussir à atteindre ses objectifs. Il évitera ainsi de tomber dans le fossé de la procrastination.
Les moyens
Comment, donc, passer d’un état d’inefficacité à celui de satisfaction et de productivité?
En choisissant le bon type de moteur: la motivation intrinsèque par le chemin.
L’employé doit, pour y parvenir, définir sa vision personnelle:
- Qui suis-je?
- Qu’est-ce que je veux laisser?
- Quelles sont mes trois valeurs principales?
En tentant d’incarner cette vision de lui-même au quotidien, il entre dans l’action. Il devient plus imperméable aux sollicitations extérieures qui ne cadrent pas avec ses valeurs et… l’horaire de sa journée.
Le professionnel pose alors des jalons sur son chemin en se donnant des rendez-vous avec lui-même.
Les faux pas
Un proverbe japonais dit:
Une vision sans action est un rêve, une action sans vision est un cauchemar.»
Les objectifs doivent avoir du sens et reposer sur autre chose que des désirs matériels. Si l’effort est déployé uniquement pour atteindre un bien, la motivation ne dure pas.
Le cerveau ressent alors une satisfaction intense lorsqu’il reçoit sa récompense, mais il s’adapte à sa nouvelle situation (adaptation hédonique). Il en redemande donc toujours plus (une plus grosse maison, une meilleure voiture) et entre dans une sphère d’insatisfaction constante et d’éternel recommencement. C’est ce qu’on appelle la motivation extrinsèque par les objectifs. Elle peut rendre accro.
Un autre type de motivation nocive évoquée par le conférencier est la motivation extrinsèque par récompense/sanction, qui est mise en place par quelqu’un de l’extérieur. Elle s’illustre par le système du bâton et de la carotte. Par exemple, lorsque votre gestionnaire vous donne un boni si vous faites des ventes, mais vous coupe toutes vos commissions si vous ne sollicitez personne durant 1 heure.
Alors, l’employé s’évertuera pour la récompense et non pour l’accomplissement. Il se découragera ainsi plus vite, risquera davantage de développer des comportements immoraux (comme la tricherie) et des addictions aux primes.
Le parfait accord
Lorsqu’il y a plutôt une connexion complète chez l’individu entre ce qu’il est, ce à quoi il croit et ce qu’il fait, il atteint «le flow».
Dans cet état d’harmonie total, l’humain agit vite et reste assidu à la tâche. Pour quelle raison? Il ne voit pas le temps passer, il s’avère absorbé par ce qu’il mène à bien. Il en oublie même parfois de manger ou d’aller aux toilettes.
La science prouve que le flow:
- rend plus créatif;
- permet de mieux mémoriser;
- favorise l’apprentissage.
Les résultats sont bel et bien là et on peut les relier à un cheminement positif et durable en corrélation avec le bonheur.
Voilà pourquoi il importe de se connaître et de fonder ses motivations sur des bases solides.
Un coup de pouce
Comment un gestionnaire peut aider ses employés à atteindre un état aussi favorable à la motivation? En leur donnant des défis assez stimulants pour éviter qu’ils s’ennuient, mais pas trop ardus (ou irréalisables), afin de prévenir la frustration.
Il gagnera de plus à choisir ses collaborateurs de sorte qu’ils aient une culture personnelle alignée avec la culture d’entreprise.
Toutefois, Mathias Durand insiste sur un élément important en s’adressant à chaque travailleur:
Soyez, vous-aussi, un bon leader pour vous-même. C’est facile de jeter la pierre aux gestionnaires et de toujours leur attribuer la responsabilité de motiver les troupes. Mais, il faut d’abord et avant tout se connaître soi-même.»