Les «tracances», une norme… ou un privilège ?

14 juillet 2025
D’après un sondage de 2023, 4 organisations sur 10 avaient déjà ou prévoyait d’accorder à leurs employés des options de « travail-vacances », communément appelées « tracances ». Deux ans plus tard, nous avons voulu comprendre l’état de cette pratique, qui consiste à travailler quelques jours ou quelques semaines à partir d’une destination voyage.
Commençons par un petit sondage maison, pour situer l’intérêt d’une telle pratique.

Visiblement, il y a de l’appétit pour une telle pratique. Dans ce contexte, les tracances peuvent permettre à ces travailleurs de prolonger leur voyage de quelques jours. Toutefois, en interrogeant les répondants à notre sondage, il appert que la pratique n’est pas être totalement normalisée dans les entreprises.
Je suis consultant en IT, raconte Jean-Charles Giardina. J’ai pu négocier avec des clients de partir en vacances, tout en travaillant une partie du temps. C’était en 2022. Depuis, la plupart des grandes entreprises sont frileuses à cette pratique. »
Comme plan alternatif, le consultant a choisi d’élire domicile dans son chalet depuis 8 mois. Il a négocié de se présenter au bureau uniquement 4 jours par deux semaines.
Cela me permet de vivre à un rythme plus serein et de profiter de la nature et du calme », conclut-il.
Un équilibre à trouver
Outre les consultants, les managers semblent avoir plus de marge de manœuvre pour dégager les journées nécessaires à distance afin de combiner voyage et travail. C’est le cas de Jean-Christophe Filosa, qui dirige une équipe d’intervenants numériques pour la fondation des gardiens numériques.
Ma réalité de nomade numérique me donne l’avantage de pouvoir travailler de partout et d’équilibrer les vacances et le travail. Je suis directeur d’un réseau d’intervenants spécialisés pour soutenir les jeunes entre 14 et 28 ans, en situation de crise ou avec des enjeux de santé mentale. On est disponible 365 jours par année donc il faut savoir équilibrer le travail et les vacances. »
Le directeur convient que la pratique n’est pas également répartie dans l’organisation.
Cela s’adresse plus à moi et mon collègue qui est coordonnateur clinique. C’est plus difficile pour mes intervenants, même si c’est possible, » explique-t-il, assis dans un café pour finaliser des dossiers, alors qu’il devait avoir congé.
Les vacances, c’est les vacances
Attardons-nous, pour conclure, aux 29% des répondants qui n’ont pas d’intérêt pour ce genre d’accommodement.
Les vacances, pour moi, ça signifie décrocher totalement, fait valoir Julie Villeneuve, directrice talents et marque employeur de Raymond Chabot Grant Thornton. Soit je suis 100% en vacances, soit je suis 100% au travail. C’est vraiment personnel pour chacun. Mon employeur est très ouvert sur le télétravail à l’étranger par exemple, mais pour moi, lorsque je ferme l’ordinateur, je ferme le téléphone aussi et je me mets en mode ne pas déranger. »
Bénéficiant déjà de télétravail, la directrice de RCGT parvient plus facilement à décrocher « à l’extérieur de la maison ». Et donc, pas question d’ouvrir l’ordinateur quand elle part en voyage, que ce soit camping, à l’hôtel, ou toute autres sorties. À chacun ses préférences!