Recrutement : «Les managers ne se font plus confiance»

16 septembre 2025
Avec le resserrement du marché de l’emploi, les employeurs ont plus de choix que jamais pour dénicher de nouveaux talents ou la perle rare qui manque à leur effectif. Pourtant, plusieurs managers ou chefs d’entreprise sont « paralysés » face à l’idée de passer à l’acte. Tel est le constat d’Emilie Charbonneau, conseillère RH de la firme Impact M10.
Depuis que la pénurie de main-d’œuvre s’est apaisé, Emilie Charbonneau a remarqué une chose auprès de sa clientèle d’entrepreneurs :
Je vois beaucoup de manages et dirigeants qui se sentent coupables d’avoir commis des erreurs de recrutement pendant la pénurie de main-d’œuvre. Dans un marché où il fallait prendre les candidats quand ils passaient, cela ajoutait beaucoup de pression à l’embauche. Ils ont recruté vite et ne savaient pas trop ce qu’ils voulaient. »
Une étude publiée en juillet dernier par le cabinet Robert Half abonde dans le même sens. Selon ce sondage, 3 managers sur 10 reconnaissent avoir fait une mauvaise embauche dans les deux dernières années. Dans la foulée, 94% des employeurs interviewés constatent également que le processus de recrutement est aujourd’hui beaucoup plus long qu’il y a deux ans.
Je remarque que les dirigeants et les managers qui recrutent se font moins confiance, poursuit la conseillère RH. C’est inconscient, mais ils sont plus hésitants. Ils reportent la décision, ils doutent, se remettent en question. »
Prendre du recul
À la base, Emilie Charbonneau rappelle que les managers ont des biais inconscients qui pèsent sur les décisions d’embauche.
En interne, ils ont tendance à nommer la personne qui leur est la plus loyale, qui ne leur causera pas de problème supplémentaire ou qui leur ressemble. En externe, ils auront plutôt tendance à rechercher un ou une gestionnaire d’expérience, qu’ils n’auront pas à former ou à accompagner dans l’intégration de son poste… Sauf qu’avec ce type de profil vient parfois une rigidité et une méthode toute faite qui ne s’applique pas nécessairement à l’équipe qui, elle, est déjà là et va donner une seule chance à leur futur leader de faire bonne impression, » affirme-t-elle.
Pour sortir de cette impasse, Emilie Charbonneau propose aux responsables du recrutement de rendre le processus plus objectif.
Mon conseil est de s’entourer d’une personne objective qui peut aider à clarifier le besoin, à poser les bonnes questions et prendre de la hauteur pour amener le dirigeant ou le gestionnaire à bien évaluer le profil recherché. Pendant le processus d’entrevue, cette personne pourra observer les échanges pour ensuite offrir une perspective différente, en challengeant les bons éléments et en échangeant sur ce que chacun a retenu, compris et observé. »
Ce point de vue « objectif » peut être trouvé chez une personne qui travaille déjà dans l’organisation (dans un autre département, par exemple) et qui est apte à prendre un point de vue indépendant sur la question.