Abaisser les exigences, solution à la pénurie de talent?
Les entreprises ne savent plus comment s’y prendre pour pourvoir les postes critiques au sein de leurs équipes de travail. Si bien qu’elles décident d’abaisser leurs exigences, nous apprend un sondage de la firme Robert Half. Est-ce la solution?
25 janvier 2018
30 interviews et aucune embauche.»
C’est la recruteuse Nancy Marino qui rapporte l’histoire sur son fil LinkedIn. Une amie lui a confié avoir interviewé 30 candidats sans trouver aucun professionnel qui convienne au poste à combler. Il y aurait «une pénurie de candidatures de qualité», estime son amie.
Cette amie dit vrai. Un nouveau sondage de la firme Robert Half montre que le recrutement est de plus en plus laborieux dans le segment des professionnels «qualifiés». En effet, 65 % des directeurs administratifs américains éprouvent de la difficulté à pourvoir les postes clés au sein de leur entreprise.
Un examen de conscience
À la lumière de ce constat, Nancy Marino suggère aux recruteurs de faire un examen de conscience:
Si tu interviewes 30 personnes et que tu n’embauches personne, c’est le temps de te regarder dans le miroir. Ne dis pas que chaque candidat doit avoir ces 20 critères ou ils sont disqualifiés. Exiger un B.A.A. ou pire, un M.B.A.? Que faire si une mère de famille peut travailler de 7 h à 15 h au lieu de 8 h à 16 h? Ne soyez pas inflexible. Faites des exceptions pour les gens exceptionnels.»
De ce fait, 43 % des cadres admettent déjà «relâcher» les critères d’embauche pour obtenir plus de candidats.
Ensuite, la recruteuse pointe du côté des candidatures surqualifiées:
Pourquoi ne pas embaucher une personne SURQUALIFIÉE? Quand vous allez à l’hôpital, êtes-vous inquiet que votre médecin soit surqualifié? Est-ce que ça vous embête que la personne responsable de la maintenance de votre avion soit surqualifiée? Concentrez-vous sur la valeur que la personne peut amener à l’entreprise, au lieu de chercher des excuses pour l’éliminer de votre liste.»
L’argument est intéressant en théorie. Mais en pratique, c’est le contraire qui se produit. Les cadres réduisent déjà leurs exigences au minimum. Selon le sondage de Robert Half, 51 % des cadres acceptent d’embaucher des juniors pour combler des postes seniors. On le voit ce phénomène au Québec, quand un rédacteur junior de talent occupe un poste de DA senior dans certaines agences de publicité.
Revoir la manière
Dans plusieurs industries, l’acquisition de talent est critique à la bonne marche des opérations. Dans ce cas, abaisser les critères d’embauche n’est pas une solution viable.
D’ailleurs, les réponses obtenues dans le sondage de Robert Half indiquent qu’il y a une autre issue à cette crise de talent. Plusieurs entreprises revoient en ce moment leur processus d’embauche, pour l’améliorer.
En effet, 46 % des entreprises ont décidé d’accélérer le processus d’embauche, pour éviter d’échapper une candidature de talent; 51 % ont élargi leur territoire d’embauche et 47 % ont offert des postes par intérim, pour évaluer les candidats en action.
Quelles sont vos stratégies? Avec un taux de chômage historiquement bas, les entreprises québécoises devront rivaliser d’imagination pour attirer et retenir les meilleurs joueurs en 2018… Bon recrutement!