Avez-vous l’instinct du recruteur?
Malgré tout le tapage qui entoure le big data et l’analyse prédictive en RH et en recrutement, des voix s’élèvent pour défendre la place de l’instinct ou de l’intuition dans le choix d’un candidat.
8 juin 2017
Contrairement à ce que l’on entend trop souvent, une décision que l’on prend par intuition ou par instinct ne repose pas «sur rien». Ce n’est pas un coup de dé qui échappe à toute logique.
Selon la thérapeute et professeure Melody Wilding, dont les propos sont rapportés dans Fast Company, nous emmagasinons dans nos «tripes» rien de moins que la somme de nos expériences de vie:
Faire confiance à vos tripes, c’est faire confiance à la somme de vos expériences inconscientes. Vos tripes sont la somme des raccourcis heuristiques. C’est un centre d’expériences conscientes-inconscientes apprises, dans lequel vous pouvez puiser […] Sur le coup, il se peut que vous n’ayez pas consciemment accès à une information spécifique, mais vos tripes, oui.»
L’intuition est importante dans le feu de l’action, au moment de l’entrevue, rappelle la CRHA et conseillère en recrutement Eve Baillargeon. Selon elle, ça permet de faire l’analyse synthèse «des informations verbales, non verbales, senties, expérimentées, observées, déchiffrées» et donc recueillies au contact de la personne interviewée.
C’est en la regardant, l’écoutant, l’observant, puis en analysant ses accomplissements que notre intuition se bâtit», explique-t-elle.
Plus largement, en compilant les études, on se rend compte que de 85 % à 97 % des professionnels se fient à un certain degré ou un autre de l’intuition pour mener leurs opérations quotidiennes.Â
Je crois personnellement que l’intuition a sa place non seulement dans le recrutement, confirme Eve Baillargeon, mais aussi dans une multitude de positionnements et de décisions que nous prenons lorsqu’il est question de gestion.»
Elle n’est pas seule à penser cela. D’après une étude de FORTUNE Knowledge Group, 65 % des cadres s’entendent pour dire que des «facteurs subjectifs qui ne peuvent se quantifier» jouent un rôle crucial dans la prise de décision sur une proposition d’affaires. De plus, 62 % des cadres ont déclaré faire confiance à leur instinct et 61 % croient que la perspicacité humaine doit prévaloir sur l’analyse pure de données.
Le rôle du data mining
Risque-t-on, en se fiant uniquement à son instinct, d’échapper des perles potentielles et de se retrouver avec un milieu de travail peu diversifié? La question se pose, car l’argument revient régulièrement pour vendre l’approche analytique et automatisée en recrutement. Les recruteurs seraient porteurs de biais inconscients qui peuvent être court-circuités par des tests et des évaluations indépendantes.
Or, on commence à découvrir que ces tests eux-mêmes ne sont pas exempts de biais… Et que la machine, elle aussi, peut développer des préjugés.
Le plus sage, sans doute, est de combiner les deux approches, l’intuitive et l’analytique, pour valider les résultats et trouver le meilleur candidat.
Bonne recherche!