Comment procrastiner de manière plus «productive»

6 mars 2025
Les cols blancs cherchent désespérément à améliorer leur productivité. Que ce soit pour convaincre leur boss de maintenir le télétravail ou simplement récupérer du temps pour eux, les raisons ne manquent pas… Et si l’enjeu n’était pas dans nos périodes de productivité mais, à l’autre bout du spectre, lorsque nous procrastinons? Et si la productivité au travail passait par une meilleure gestion de nos « passages à vide » et de nos périodes de repos?
Ce sont les questions qui m’occupent l’esprit en ce début d’année 2025. Pour rappel, en août 2022, j’avais pris 3 résolutions somme toute modestes, pour aider à ma productivité :
- apprendre à écrire à dix doigts (toujours pas réussi…),
- tenir un Bullet Journal (réussi à 100%, avec tous les bénéfices de passer un peu de temps chaque jour loin des écrans, à écrire avec un crayon de bois sur du vrai papier)
- et ordonner mes documents sur mon ordi (réussi à 50%)
Comme ces trois résolutions ont fait leur temps (j’ai abandonné l’écriture à dix doigts), je me suis demandé pendant les Fêtes, ce qui pourrait aider à améliorer ma prestation de pigiste durant l’année à venir. Avec le recul des derniers mois, j’ai aujourd’hui l’impression que ce ne sont plus mes périodes de « productivité » qui me freinent ou qui ne sont pas optimales, mais bien mes périodes «procrastination».
Je m’explique.
Dans le métier de journaliste, il y aura toujours des pauses. Certes, après avoir envoyé une rafale de courriels, on doit attendre que des intervenants nous reviennent. Ensuite, réalistement, on ne peut pas toujours être en train de transcrire, écrire, composer, corriger, en continu, sans prendre de moments pour se recharger les neurones. Ce problème est commun à tous les emplois de l’économie du savoir. Et c’est probablement pourquoi on a inventé la méthode Pomodoro (travailler par sprint de 20 minutes).
Par la force des choses, le métier de pigiste ou de professionnel du clavier implique de nombreuses micropauses. Pour ma part, j’en profite pour faire des tâches qui demandent peu de concentration : classement des documents, répondre aux courriels, ou avancer les tâches de la maison : faire du ménage, cuisiner, entraînement sportif, etc.
Or, dans la dernière année, je me suis rendu compte que je sortais de ces périodes de pause, de répit ou de repos (le soir ou les week-ends) avec la désagréable impression d’avoir mal utiliser mon temps. Je fais les tâches les plus évidentes, qui me sautent aux yeux, mais pas toujours les plus importantes ou les plus urgentes.
J’écoute les premières vidéos ou balados qui apparaissent dans ma liste de suggestion (Late Night avec Stephen Colbert, Daily Show Joe Rogan, Take Your Shoes off de Rick Glassman) avec l’impression de toujours faire les mêmes tâches (du ménage) et réécouter les mêmes idées (un ping-pong entre Stephen Colbert ou Joe Rogan).
J’en suis venu à la conclusion que je devais mieux gérer mes périodes de procrastination. Plus encore, que je devais accorder une plus grande attention à 1) la hiérarchisation des tâches et 2) la découvrabilité des contenus que j’écoute.
Premier chantier : identifier les tâches « importante » mais « non urgente » qui auront un impact à long terme
Commençons par la hiérarchisation des tâches. Selon la matrice d’Eisenhower, les tâches peuvent se catégoriser de quatre manières :

D’une part, comme je ne suis pas un chef d’entreprise, il faut d’abord reconnaître que je ne peux pas «déléguer» mes tâches urgentes et non importante. En toute honnêteté, pour me détendre, je crois que j’ai tendance à uniquement faire ce genre de tâches, qui ont un impact immédiat à court terme (le ménage, par exemple), alors que je néglige des tâches «importantes», «non urgentes», mais qui aurait un grand impact à long terme (ex : ordonner mes factures pour les impôts d’avril) si je les faisais dans l’immédiat.
Ma première résolution, donc, est de mieux identifier les tâches «importantes» qui me demandent peu de concentration, mais qui auront un très grand impact à long terme, si je les commence maintenant. Conséquence : la prochaine fois que je voudrai procrastiner, je saurai quoi faire qui est à la fois utile et agréable.
Deuxième chantier : la découvrabilité
L’autre heurt, quand je prends le temps de déconnecter mon cerveau, c’est l’impression de ne pas profiter pleinement du moment. J’écoute la première série qui se présente sur Netflix, la première musique dans Spotify, la première vidéo qui apparaît dans mon fil d’actualité YouTube, etc.
Depuis Noël, j’ai mis en place une stratégie de découvrabilité beaucoup plus robuste. Chaque semaine, je prends un moment pour réfléchir à ce que je veux lire, écouter, regarder, dans la semaine ou les mois à venir. Ai-je besoin d’aller à la bibliothèque, de prendre un abonnement de quelques mois sur une nouvelle plateforme?
La tradition Zen dit qu’il faut «vider sa tasse pour la remplir». Et donc, je prends le temps d’épurer mes abonnements sur YouTube, de créer de nouvelles listes de musique sur Spotify, etc. J’essaie d’être plus «intentionnel» dans ce que j’écoute. Résultat : je ressors des périodes de pause (que ce soit le midi ou le soir) inspiré et énergisé par ce que j’ai lu, vu, entendu.
En espérant que vos propres résolutions tiendront la route !

