De nouvelles preuves du «bore-out» qui nous menace
De plus en plus de recherches se penchent sur l’ennui au travail. Des chercheurs soutiennent même qu’il peut mener à l’épuisement professionnel, un phénomène aussi nommé «bore-out».
27 octobre 2017
Rêvasser. Faire une bataille d’élastiques avec ses collègues. Compléter sa liste d’épicerie. Payer des factures. Jouer à des jeux en ligne. Chercher un autre emploi… Voilà ce que font les professionnels sondés par la firme OfficeTeam pour «tuer le temps».
L’ennui au travail, selon ce sondage paru cette semaine, semble généralisé: les employés avouent se mettre au neutre au bureau en moyenne 10,5 heures par semaine, soit plus d’une journée complète de travail!
Le problème ne risque pas de se régler de sitôt. Toujours selon le sondage, les gestionnaires séniors échouent à voir l’ampleur du phénomène; ils évaluent pour leur part les périodes creuses de leurs employés à 6 heures par semaine.
Face à ce phénomène, on image facilement la perte financière que doivent essuyer les entreprises. Des employés payés à ne rien faire, littéralement! Mais on parle moins des répercussions négatives sur le moral des employés. La dépression est le risque ultime, soutient l’auteur et chercheur français Christian Bourion.
L’ennui qui fait des ravages
Ce spécialiste de la psychologie du travail s’est justement intéressé au phénomène de l’ennui au travail dans un livre intitulé Le bore-out syndrome. Quand l’ennui au travail rend fou.
Tout d’abord, si quelques procrastinateurs professionnels sourient devant l’éventualité d’être «payé à ne rien faire», c’est loin d’être la norme au sein des travailleurs.
Pour 90 % des employés, l’ennui est insupportable, a expliqué le chercheur au magazine Psychologie. […] Ne pas être stimulé professionnellement, c’est risquer de perdre l’estime de soi, de se sentir incapable et inutile. L’ennui peut être une porte ouverte à la morosité, la remise en question, la déstructuration de sa personnalité, la dépression…»
L’épuisement professionnel, donc. Il existerait un effet de bore-out, provoqué par l’ennui au travail, comme il existe un burn-out, qui découle d’une surcharge de travail.
Les symptômes à surveiller: démotivation, anxiété, tristesse, honte, dévalorisation de soi.
Avouer que l’on s’ennuie au travail alors que l’on est payé est très mal vu, ce n’est pas politiquement correct. Surtout de nos jours, puisqu’avoir un job apparaît déjà comme une chance incroyable», a dit Christian Bourion.
Qu’à cela ne tienne, le chercheur invite les travailleurs à ne pas se laisser «emmurer dans l’ennui professionnel». Ce conseil rejoint celui de la présidente régionale d’OfficeTeam, Brandi Britton, qui invite les professionnels à prendre leurs responsabilités devant le phénomène de l’ennui au travail:
Quand l’ennui survient ou qu’il y a une période creuse, les employés devraient de manière proactive demander de l’aide sur les projets et les défis qui les intéressent.»