Essor de l’outil d’IA Midjourney : « Bientôt, il sera bien difficile de discerner le faux du réel »

22 octobre 2025
Mathieu Hétu est consultant numérique qui aide les entreprises à intégrer les différents modèles d’IA générative dans leur processus de travail. Il a développé une nouvelle formation sur Isarta dédiée à l’application de génération d’images Midjourney (Atelier IA : Création d’images avec Midjourney). Nous avons fait le point avec lui sur ce nouvel outil à insérer dans la trousse des professionnels branchés.
Avec la première mouture d’applications d’IA générative de générations d’images, il semblait assez facile de distinguer une image générée d’une vraie image… Est-ce toujours le cas?
Mathieu Hétu : Midjourney fait partie des premières applications IA a avoir été lancées, avant même ChatGPT. L’application peut aujourd’hui produire un large spectre d’images, qui va de l’hyperréaliste, des images abstraites à des images de bandes dessinées ou de style manga.
Ce qui fait que les images générées par l’IA sont parfois « reconnaissables », c’est lorsqu’elles sont génériques. On rencontre le même problème avec ChatGPT. Si on ne personnalise pas son prompt, on obtient une réponse formatée, qui se ressemble d’une fois à l’autre. Toutefois, il y a moyen de faire des prompts pour modifier le ton ou le contraste de l’image et obtenir un rendu plus authentique.
Les modèles d’IA générative évoluent très rapidement. Bientôt, je crois qu’il sera difficile de discerner le faux du réel.
Midjourney commence à être utilisé en entreprise, comme c’est déjà le cas de ChatGPT. Quels sont les usages que l’on voit ?
M. H. : Les cas d’utilisation sont vraiment nombreux. Ça inclut autant des utilisations externes, comme pour produire du contenu visuel sur les médias sociaux, que du contenu interne, pour faire des présentations internes.
Certaines entreprises y ont recours en remplacement de la banque d’images utilisées pour illustrer leur rapport financier. J’ai vu des entreprises l’utiliser comme outil de prospection d’idées pour imaginer à quoi allait ressembler leur kiosque d’entreprise dans un événement. Dans un contexte marketing, on peut l’utiliser pour créer une image de notre produit sur une plage ou sur un bateau.
C’est un outil très versatile, qui dépend des besoins de l’utilisateur.
ChatGPT et Gemini peuvent aujourd’hui eux aussi générer des images. Pour quelle raison apprendre à utiliser une application de création d’images comme Midjourney ?
M. H. : Le «conversational image generation» qui est possible sur ChatGPT et Gemini a ceci de bien qu’il a démocratisé la génération d’images. Les gens se sont rendus compte que c’était effectivement possible de créer leurs images eux-mêmes.
Maintenant, si on veut un outil plus puissant, qui offre des fonctionnalités plus avancées et un résultat de plus grande qualité, avec par exemple un grand nombre de pixels par image, ils vont être mieux servis avec Midjourney. Les professionnels en marketing et en communications continuent de beaucoup l’utiliser.
La génération de contenu textuel ou visuel ne fait pas toujours l’unanimité du côté des auditoires qui reçoivent ces contenus. Comment abordes-tu cet aspect dans la formation ?
M. H. : Le premier volet est technique, pour apprendre à se servir de l’application. Le deuxième volet de la formation est pratique. C’est l’occasion de développer notre esprit critique, de reconnaître les limites de cet outil, puis de réfléchir à son intégration de manière éthique et responsable. C’est encore très peu encadré par la loi et il y a encore plusieurs zones grises.
Est-ce qu’il y a des exemples d’entreprises qui ont une politique d’utilisation de l’IA pour la génération de contenu ? À quoi est-ce que ça peut ressembler?
M. H. : Moov.ai montre un bel exemple de la transparence. Chaque fois qu’elle publie un article sur son site, elle mentionne le niveau de collaboration avec l’IA. Et dans le cas de la génération d’image, elle publiait même le prompt utilisée pour générer l’image. À ce moment, il n’y a toutefois pas d’obligation de le faire, d’un point de vue légal.
Comme je disais, les modèles d’IA générative évoluent très rapidement. Et c’est important de se former, non seulement du point de vue technique, mais aussi pour comprendre les enjeux que soulève le déploiement de cette nouvelle technologie.
Découvrez la formation de Mathieu Hétu sur Midjourney :