Et si on avait (beaucoup) abusé de la visioconférence ? Reviewed by Philippe Jean Poirier on . Laurie Michel, spécialiste du bien-être numérique, auteure de la formation « Au revoir la Zoom fatigue! Â» (source : courtoisie) 7 avril 2025 La pandém Laurie Michel, spécialiste du bien-être numérique, auteure de la formation « Au revoir la Zoom fatigue! Â» (source : courtoisie) 7 avril 2025 La pandém Rating: 0

Et si on avait (beaucoup) abusé de la visioconférence ?

Laurie Michel, spécialiste du bien-être numérique, auteure de la formation « Au revoir la Zoom fatigue! Â» (source : courtoisie)

7 avril 2025

La pandémie a beau être derrière nous, les visioconférences, elles, font toujours partie intégrante de la vie professionnelle de bien des travailleurs. Ses effets néfastes sont maintenant documentés. Nous avons discuté des causes mais aussi des solutions pour contrer la «Zoom fatigue» avec Laurie Michel, spécialiste du bien-être numérique.

La fatigue Zoom a beaucoup été abordé pendant la pandémie. Pourquoi revenir sur le sujet aujourd’hui. Le phénomène ne s’est-il pas résorbé avec le retour au bureau?

Laurie Michel : Beaucoup d’organisations sont en réalité restées en mode télétravail ou ont adopté le mode hybride. De nouveaux comportements se sont donc développés.

Quand les salariés vont au bureau, ils doivent quand même assister à des visioconférences « au bureau Â» pour accommoder les gens qui se sont connectés de la maison. C’est quelque chose qu’avant on n’avait pas ou très peu vu avant la pandémie. Pour cette raison, la fréquence des visioconférences est loin d’avoir diminué.

En quoi est-ce un poids pour les employés ?

L. M. : La fatigue Zoom est un phénomène complexe à comprendre. Déjà, le simple fait d’être uniquement derrière un écran peut littéralement épuiser notre corps. Ceci est documenté scientifiquement.

Pendant le confinement, des chercheurs de Stanford ont mis en lumière 4 facteurs qui étaient les causes de cet épuisement :

1) le manque de mouvement, parce qu’on veut demeurer dans le cadre de la caméra pour que tout le monde nous voit,

2) le fait d’être constamment observé,

3) le fait d’observer les autres sans voir accès à tous leurs signaux non verbaux, ce qui fait travailler notre cerveau davantage

4) l’intensité des contacts visuels, plus élevés que dans une réunion en personne

Ça fait beaucoup de facteurs aggravants…

L. M. : En effet. Ensuite, certaines personnes ont tendance à planifier leurs réunions l’une à la suite de l’autre, sans donner de temps au cerveau pour récupérer. Il y a des études qui montrent une augmentation du stress et une baisse de la productivité chez les personnes qui adoptent cette pratique.

Le cerveau n’est pas conçu comme un ordinateur, où il suffit de cliquer sur un bouton pour fermer un document. Dans l’heure suivant une rencontre, le cerveau continue de traiter l’information qui a été partagée pendant la rencontre. Ça aussi, c’est un gros facteur d’épuisement.

Quelles sont les solutions qui s’offrent aux salariés qui n’ont pas d’autres choix que de travailler en visio?

L. M. : Il y en a plusieurs. Est-ce qu’on peut espacer les visios? Est-ce qu’on peut trouver de nouvelles manières de collaborer et de travailler en équipe? Est-ce qu’on peut faire un appel téléphonique – pour contrer la fatigue visuelle – ou une réunion « debout Â» – pour aider le corps à être moins rigide ?

Certaines entreprises font des stand up meeting, de quoi s’agit-il exactement ?

L. M. : Les réunions «actives», c’est le fait de proposer à son équipe de faire une rencontre debout ou en marchant, par exemple. Le fait de changer d’environnement voire de routine aide le cerveau à passer à d’autres modes de réflexion. Ça nous stimule pour trouver de nouvelles idées.

Est-ce que fermer la caméra ne pourrait pas aider à court-circuiter une partie des problèmes découlant des visios?

L. M. : Ã‡a peut effectivement nous protéger de « l’effet miroir Â», qui est le réflexe de toujours se regarder. Toutefois, il y a alors le risque de se laisser distraire par le multitâche, ce qui est catastrophique pour la fatigue cognitive. Si on ferme sa caméra, il faut s’assurer de rester concentré sur le thème de la réunion.

Précisons aussi que la caméra peut avoir du bon, selon le contexte de la rencontre ou de la personnalité des interlocuteurs. Je suis bien consciente que, parfois, dans un contexte précis, un ou une manager peut avoir besoin de voir le langage non verbal d’un employé. Quand vient le temps de trouver des solutions à mettre en place dans une organisation, il y a beaucoup de cas par cas.

Trouver un meilleur équilibre dans notre rapport à la visioconférence semble très difficile. Comment réagissent les équipes et les professionnels que vous accompagnez?

L. M. : Je vois beaucoup d’ouverture à trouver de nouvelles manières de faire. Toutefois, ça demande une prise de conscience et une bonne compréhension du problème. Ensuite, il s’agit de travailler sur la fréquence, la qualité et la durée.


A propos de l'auteur

Philippe Jean Poirier est un journaliste qui se passionne pour les mots, l’écriture, la recherche, la collecte de témoignages, les tendances sociétales et les raisons souterraines qui alimentent l’actualité. Email: pj_poirier@isarta.com

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