France Gaignard: l’art de faire sa place dans un marché saturé
Gagner sa vie avec sa plume demeure ardu pour bon nombre de communicateurs. Ce mois-ci, Isarta Infos vous présente le portrait d’une femme ayant percé le marché de la presse imprimée, du journalisme de recherche télé et radio, ainsi que des relations publiques. La travailleuse autonome France Gaignard a bien voulu livrer ses conseils à la relève en toute humilité.
7 juillet 2017
Après vos études en rédaction, comment entrevoyiez-vous votre carrière?
France Gaignard: Lors de mes études au Cégep de Granby, j’ai commencé à apprendre les ficelles du métier. J’ai eu la chance de participer au Camp de la presse étudiante du Québec, avec des journalistes expérimentés. Puis, j’ai occupé les postes de rédactrice en chef et de directrice du montage au sein du journal étudiant. C’est là que j’ai constaté que j’avais une véritable passion pour le journalisme.
France Gaignard: À l’université, j’ai étudié en rédaction-communications à Sherbrooke. Lorsque j’ai terminé mes études, j’ai dû «pousser» pour obtenir un premier emploi. J’ai envoyé des CV, mais aussi sollicité beaucoup d’employeurs pour réussir à obtenir des remplacements dans les hebdos. On pensait que je ne viendrais pas travailler à Montréal, car j’habitais en région, donc on ne me rappelait pas. Pourtant, lorsqu’on appelle la même personne quinze fois dans la même année, c’est significatif, mais bon… j’ai dû répéter que je voulais me déplacer et travailler à Montréal, même pour un emploi temporaire.
France Gaignard: J’ai fini par obtenir mon premier mandat pour le Journal de Rosemont-La-Petite-Patrie. J’ai ensuite pu obtenir plusieurs remplacements dans divers hebdos. Puis, j’ai occupé un poste au Courrier Laval pendant quelques années. Le travail dans les hebdos a été une bonne école et un bon tremplin pour moi.
En travaillant comme journaliste et rédactrice en chef pour divers hebdos, qu’avez-vous appris de plus important sur le terrain?
France Gaignard: La persévérance, la pertinence des sujets et apprendre à poser les bonnes questions aux bonnes personnes pour obtenir l’information. Puis, l’assiduité. Sur le terrain, il y a des dates de tombée pour les textes, on ne peut pas prendre le temps de les peaufiner comme à l’école ou décider de ne pas écrire ce jour-là à cause du syndrome de la page blanche.
France Gaignard: Au Courrier Laval, par exemple, on avait jusqu’à 140 pages à remplir, je devais être assidue. Quand j’ai commencé dans le métier, je n’écrivais pas vite. À la fin, je rédigeais facilement plusieurs textes en quelques heures!
Vous avez finalement poursuivi votre carrière à titre de recherchiste, puis de consultante en relations publiques. Pourquoi?
France Gaignard: Il s’agissait d’une suite logique dans mon parcours après mon passage dans les hebdos. Un recherchiste est également un journaliste, mais à la recherche. La seule différence, c’est que, dans ce cas, nous ne sommes pas à l’avant-plan. Lorsque je travaillais à titre de recherchiste pour Salut Bonjour, par exemple, la chronique d’un animateur était le fruit de sa collaboration avec les recherchistes. Lorsqu’on occupe un tel poste, on trie beaucoup d’informations pour l’émission. On peut passer en revue plus de cent communiqués par jour.
France Gaignard: J’ai roulé ma bosse comme recherchiste quelques années, puis des coupures de postes sont survenues. Lorsque des opportunités se sont présentées à moi pour passer du côté des relations publiques, j’ai décidé de tenter ma chance, et j’ai plongé comme travailleuse autonome.
Vous travaillez maintenant dans les relations de presse, à votre compte, pour des organisations comme PING communication et le CN2 Communication et la SMCQ. Feriez-vous les choses autrement comme journaliste depuis que vous oeuvrez dans cette sphère?
France Gaignard: Quand j’ai commencé dans les relations de presse, ma force, c’est que je connaissais les besoins des journalistes. J’ai donc une approche concrète. Je suis capable d’aiguiller le client pour que l’information soit intéressante pour la presse. Je regarde avec lui quelle est la nouvelle qu’il veut émettre. Si je dois transmettre de l’info, il doit y avoir une nouvelle dans le communiqué. Un bon communiqué de presse, est un communiqué qu’un journaliste pourrait publier intégralement. Par contre, un bon journaliste ne fera pas cela. Il va travailler son texte en choisissant l’information qui l’intéresse selon son angle.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui commencent dans le métier de journaliste?
France Gaignard: Être au fait de l’actualité. Persévérer, pousser. Insister pour pouvoir se faire une place au soleil. Le journalisme est un bon métier pour ceux qui décident de continuer à apprendre ailleurs qu’à l’école. Dans ce domaine, on est toujours en train d’apprendre quelque chose de nouveau.
France Gaignard: Il faut aussi avoir les reins solides. À LCN, je travaillais sur les «hard news». Je devais parfois convaincre les gens de venir parler en ondes après avoir vécu un gros drame. Ce n’est pas facile. Cela demande beaucoup d’humanité. Toutefois, on a un travail à faire et on doit le faire, mais il y a moyen de le réaliser de façon humaine.
France Gaignard: Même si les deux métiers sont complémentaires, je suggérerais aux jeunes de ne pas jouer au ping-pong entre les deux (oui, il y en a qui passent d’un contrat de recherchiste à un contrat de relationniste!). Pour moi, c’est une question d’éthique, tu es soit l’un ou soit l’autre, mais pas les deux en même temps. De plus, ne pensez pas qu’un journaliste qui devient relationniste va «ploguer» ses sujets facilement auprès d’anciens collègues. En fait, il s’expose seulement à se faire donner l’heure juste plus rapidement. Si un jour je quittais le monde des relations de presse afin de reprendre mon rôle de journaliste, ce serait pour toujours… Pour le moment, j’adore mon métier et travailler à mon compte!
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