Harcèlement au travail: pas juste une affaire de «mononcle»
À l’approche des partys de bureau, où le potentiel de comportements déplacés augmente d’un cran, une nouvelle étude vient nous rappeler que le harcèlement sexuel au travail n’est pas une affaire d’âge ni de hiérarchie.
14 décembre 2017
À la lumière de la vague de dénonciations de harcèlement sexuel #moiaussi, il est tentant de mettre tous ces scandales sur le compte d’une culture toxique issue d’une autre époque. C’est une affaire de mononcle, au fond! Après tout, les Gilbert Rozon, Harvey Weinstein, Bill O’Reilly et Louis C.K. de ce monde ont tous en commun d’être des hommes blancs d’âge mûr en position de pouvoir.
C’est d’ailleurs essentiellement l’excuse livrée par Louis C.K. quand il a finalement reconnu ses torts:
[…] Ce que j’ai appris plus tard dans ma vie, trop tard, c’est que quand vous avez du pouvoir sur des personnes, leur demander de regarder votre sexe n’est pas une question. […] Le pouvoir que j’avais sur ces femmes, c’est qu’elles m’admiraient. Et je m’en suis servi de façon irresponsable.»
Pourtant, le harcèlement sexuel ne devient pas soudainement acceptable lorsqu’il provient d’un pair ou d’un collègue, tous âges confondus.
Pourquoi le préciser? Parce qu’un sondage mené par le site Fairygodboss révèle que 57 % des situations de harcèlement sexuel au travail proviennent d’un collègue et non d’un patron. Et que dans 70 % des cas, le harceleur a moins de 40 ans.
Revenir sur terre
Vous avez bien lu: plus des 2 tiers des harceleurs sont des «Milléniaux». Ils appartiennent à la même génération cool et branchée qui applaudit quand Justin Trudeau déclare qu’il est «féministe» ou explique la parité de son conseil des ministres par un «Because it’s 2015».
Le harcèlement perdure pourtant, et ce, de la part des plus jeunes travailleurs.
Si on se fie au sondage de Fairygodboss, on ne peut pas parler de cas isolés: parmi les 500 femmes interrogées, 43 % ont déclaré avoir subi du harcèlement sous une forme ou une autre. Des exemples: «des commentaires sur mon corps», «des blagues qui me rendent inconfortable», «des commentaires obscènes», etc.
Le plus tragique de l’affaire, et c’est peut-être ce qui explique que le harcèlement au travail existe encore et toujours en 2017, c’est qu’une large majorité des femmes (67 %) décident de passer sous silence les incidents.
Les raisons les plus souvent évoquées: «ne pas vouloir faire de vague» (52,2 %), «une divulgation est sans conséquence» (34,1 %), «peur des représailles» (27,5 %) et «le harceleur est mon superviseur direct» (23,2 %).
Les solutions
Dénoncer le harcèlement fait certainement partie de la solution. Avec la campagne #moiaussi, plusieurs femmes ont eu le courage de poser des gestes qui ont fait tomber des idoles, tout en conscientisant la population.
Or, les hommes ont aussi un rôle à jouer. En dénonçant les situations dont ils sont témoins, en désapprouvant les vantardises déplacées de leurs amis (les fameuses «conversations de vestiaire»…) et en apportant soutien et encouragements à celles qui veulent dénoncer, comme le propose avec éloquence l’acteur Justin Baldoni dans sa conférence TED Talk.
Bon courage à toutes!