Le journalisme, légitime, mais payant?
Depuis l’avènement des fake news, les médias se battent pour faire entendre leur voix. Sur Twitter, par exemple, les fausses informations sont 70 % plus susceptibles d’être partagées que les vraies. Toutefois, 92 % de nos cousins européens trouvent le journalisme utile, étude à l’appui.
23 mars 2018
Plus de neuf Français sur dix considèrent la presse écrite utile, selon les propos rapportés le 11 mars pas l’Express. Le magazine d’actualité hebdomadaire se référait à une enquête de Viavoice pour les Assises Internationales du Journalisme.
Voici les statistiques détaillées:
- 92 % des Français jugent le journalisme utile
- 6Â % le trouvent inutile
- 2Â % ne se prononcent pas
Les avis restent à peu près similaires peu importe l’âge, la classe sociale et le milieu de vie.
Parmi les répondants affirmant trouver le journalisme utile, on compte:
- 96Â % de cadres
- 94 % de professionnels intermédiaires
- 90 % d’employés et d’ouvriers
La bête noire médiatique
Pour la population, le problème tourne autour des fausses nouvelles. Une proportion de 70 % des Français sondés se montrent donc favorables à une loi proposée par Macron pour les contrer.
Par opposition, 71 % de leurs compatriotes jugent qu’il vaudrait mieux investir des sommes dans l’éducation aux médias.
Il s’avère sans doute plus difficile par contre de légiférer en ce sens. En fait, même des rédacteurs professionnels sont tombés dans le panneau et ont propagé des informations erronées à cause des fake news.
Une étude sur le journalisme menée en 2017 par Cision au Canada indiquait:
Plus de la moitié des journalistes ne peuvent pas travailler sans les réseaux sociaux, mais 68 % d’entre eux estiment que les fausses informations posent un problème grave.»
Même leurs sources personnelles ne sont plus crédibles. Les journalistes remettent en question, selon Cision, de 40 % à 65 % du temps, le fait que les professionnels des RP se montrent dignes de confiance, et ce, dans tous les secteurs.
Une question monétaire
Parmi les mesures réclamées par Macron pour contrer les fausses nouvelles, on note la limitation des contenus commandités (sponsorisés) dans la presse. Les montants demandés en échange de ces articles «commandés» devraient aussi être réduits. Les médias auraient également à révéler les noms des annonceurs, et de quiconque se cache derrière eux, pour plus de transparence.
Voilà qui coupe une fois de plus l’herbe sous le pied des journaux, qui peinent à s’en sortir depuis la montée en flèche des médias sociaux.
Plusieurs en sont donc maintenant réduits à exiger un paiement mensuel aux lecteurs pour débloquer l’accès à leur plateforme en ligne. Les versions papier se vendent moins, cela devient pratiquement inévitable.
La tendance se faisait déjà sentir en 2010, mais elle prend de l’ampleur depuis deux ans:
Plus des trois quarts des journaux à grand tirage aux États-Unis utilisent aujourd’hui un modèle payant pour leur site Internet, selon une étude de l’American Press Institute, alors qu’ils n’étaient qu’une poignée en 2010.» (Propos tirés de La Presse.)
En exigeant une rémunération contre de véritables nouvelles, n’encourage-t-on-pas en même temps le courant des fake news.
Seuls les mieux nantis auront accès à la vérité? Cela pourrait bien changer éventuellement la donne quant à la confiance octroyée aux journalistes.