Le télétravail, un risque pour son emploi en période de ralentissement économique ?

3 mars 2025
Depuis quelques mois, il faut considérer un nouveau facteur pour un employé qui veut maintenir son rythme de télétravail : le ralentissement économique. Travailler de la maison met-il plus à risque ? Petite enquête sur la question.
D’entrée de jeu, il faut reconnaître qu’en restant toujours à la maison, on ne se met pas dans les bonnes grâces du dirigeant. Car, sondage après sondage, les employeurs ont toujours démontré – à tort ou à raison – une aversion pour le télétravail. Comme l’illustre ce portrait statistique colligé ici, affirmant que 76% des employeurs ont demandé un retour partiel ou complet au bureau, selon un sondage d’avril 2024.
Plus concrètement, une vaste étude américaine menée par Live data technologies en 2023 sur 2 millions de travailleurs « col blanc » a effectivement montré que les employés en télétravail avaient 37% de chance de plus de se faire renvoyer, en cas de mise à pied.
Quand un·e manager responsable de l’embauche reçoit la nouvelle de couper 10% du personnel, c’est plus facile de mettre sur la liste le nom d’une personne avec qui il n’a pas de relation personnelle”, explique Andy Challenger, vice-président senior de la firme en placement de personnel Challenger, Gray & Christmas, dans l’article du Wall Street Journal qui cite l’étude de Live data technologies.
Regarder le « sociogramme »
Francis Painchaud, consultant organisationnel, apporte un éclairage intéressant sur le phénomène. Pour comprendre une vague de licenciements, explique-t-il, on ne peut pas se fier uniquement à « l’organigramme » d’une entreprise; il faut aussi regarder le « sociogramme ».
Le sociagramme, c’est la force des liens qui existent entre les individus dans une organisation. Un employé en télétravail, qui ne voit son boss que 30 minutes par semaine dans une rencontre Zoom est sans doute plus vulnérable que s’il a une relation de proximité avec lui. En ce sens, les employés qui s’investissent dans la vie sociale de leur entreprise sont probablement moins à risque d’être mis à pied, quand l’entreprise va mal. »
À moins de détenir des compétences critiques à la survie et au succès de l’entreprise, précise-t-il toutefois.
Précisons que la contrepartie existe également : ces télétravailleurs ont aussi 32% de chance supplémentaire de démissionner de l’emploi, ce qui, finalement, confirme le faible lien d’attachement qu’ils auront développé dans ce mode de travail.
Cela étant dit, il faut reconnaitre que la sécurité d’emploi n’est pas la valeur cardinale qu’elle a déjà été. Dans un sondage récent, 50% des employés « aspirent » à devenir entrepreneurs… Il y a donc sans doute une forte cohorte de travailleurs qui seraient prêts à prendre le « risque » d’aller au maximum des journées de télétravail permises par l’employeur.

