Les activités de teambuilding sont-elles vraiment utiles pour doper la collaboration entre employés ?
2 avril 2019
Vous n’êtes pas convaincu de la pertinence de passer un week-end entre collègues dans un hôtel luxueux ou un chalet reculé des Laurentides pour resserrer les liens de votre équipe de travail? Carlos Valdes-Dapena, l’ancien directeur de l’organisation de Mars, non plus. Voici pourquoi.
Après plusieurs années de recherche, Carlos Valdes-Dapena est désormais convaincu de la complète inutilité des activités hors entreprise :
La plupart des consolidations d’équipe sont un complet gaspillage de temps et d’argent. Je dis cela en me basant sur mes 25 ans de recherche et de pratique dans le champ de l’efficacité d’équipe. Dix-sept de ses années avec l’entreprise Mars, une entreprise familiale orientée vers la collaboration », a-t-il expliqué dans un article du HBR.
La collaboration dépend plus des motivations individuelles que de la qualité des relations
Par ses recherches, Carlos Valdes-Dapena, auteur du livre Lessons from Mars sur la collaboration d’équipe, voulait déterminer ce qui freinait la collaboration au travail.
Était-ce réellement des carences au niveau du lien « humain » ou relationnel entre collègues, ce qui justifierait le déploiement d’une activité « hors site » ? Ou serait-ce plutôt d’autres raisons inhérentes à l’organisation même du travail ?
Le résultat de nos recherches a révélé que tout ce que nous pensions au sujet du travail d’équipe était faux. […] Nous avons appris qu’une bonne collaboration ne dépendait pas de la qualité de la relation ou du lien de confiance; ça dépend plutôt des motivations individuelles des employés. »
Les différents sondages internes menés chez Mars ont révélé que les employés avaient tendance à percevoir leur travail individuel comme étant plus productif que le travail d’équipe, et ce, même dans un scénario de bonnes relations de travail.
En fin de compte, les employés de Mars s’investissaient à fond dans leurs tâches, mais seulement à partir du moment où ces dernières relevaient de leur responsabilité. Et ce sentiment était renforcé à chacune des évaluations annuelles, axées sur le rendement individuel.
Il nous est apparu que notre incapacité à collaborer découlait, paradoxalement, de l’excellence que [les employés] démontraient dans les tâches pour lesquelles nous les avions embauchés, et que la gestion ne faisait que renforcer cette excellence. La collaboration, d’un autre côté, demeurait un but vague et idéalisé, sans véritable cadre ni règles. C’était perçu comme laborieux, diluant la responsabilité et apportant peu d’avantages tangibles. »
Repenser les évaluations de rendement
Devant ce constat, l’entreprise Mars se retrouvait devant un grand chantier : elle devait réussir à changer la perception de ses employés envers la collaboration.
Nous avons développé un cadre de travail rendant la collaboration claire, spécifique et attirante – pour faire de la collaboration un objectif à atteindre. Au cœur de ce cadre, il y a deux questions que nous posons à toutes les équipes. La première : en quoi la collaboration est-elle essentielle pour atteindre vos objectifs d’affaires? La deuxième : quel travail, quelles tâches spécifiques, nécessitent la collaboration pour atteindre ces objectifs? »
L’entreprise s’est assurée, dans un deuxième temps, d’intégrer les tâches et les comportements collaboratifs identifiés dans l’évaluation de rendement individuel de chaque employé, afin de renforcer le message que la collaboration était importante.
Des relations fortes et un bon lien de confiance sont des éléments importants de la collaboration, mais ce n’est pas le point de départ, résume Carlos Valdes-Dapena. Ils sont plutôt le résultat de gens déterminés à exceller ensemble. Connecter la collaboration avec les motivations individuelles des membres d’une équipe déterminée à réussir, voilà ce qui propulse réellement la productivité d’une équipe. »