Les « CV intelligents » représentent-ils l’avenir du recrutement ?
6 mai 2020
À une ère où le recrutement se fait essentiellement sur le Web et à grand renfort d’applications numériques, n’est-il pas étonnant de voir que le CV n’a connu depuis sa version papier aucune évolution notable, autre que de migrer en format PDF?
Or, depuis peu, des jeunes pousses spécialisées en recrutement se sont données la mission d’intégrer un peu de code dans ce vieux PDF archaïque. Les résultats obtenus jusqu’à maintenant ne sont pas encore ce qu’on pourrait appeler un CV « intelligent », mais ça nous donne une idée à quoi pourrait ressembler un tel CV dans quelques années.
Voici 3 exemples.
1. Le CV aux données d’usage consultables
Intérêt : savoir si le recruteur a ouvert votre CV, s’il l’a téléchargé et combien de temps il a passé à le consulter sur le Web.
La firme française Tilkee a développé une application permettant de mettre les recruteurs « sous écoute ». Le fonctionnement est simple : on crée un projet dans l’interface de Tilkee et on y téléverse un CV et autres liens désirés comme un profil LinkedIn. Tilkee fournit ensuite à l’utilisateur un lien où le CV est hébergé.
Quand on envoie son CV par courriel au recruteur, on inclue le lien de téléchargement. Tilkee fournit les données de consultation en ligne dès lors que le recruteur clique sur le lien.
2. Le CV en réalité augmentée
Intérêt : en mettre plein la vue au recruteur avec un CV intégrant des hyperliens flottant lorsqu’on le consulte en version AR à travers l’écran de son téléphone.
L’offre de CV en réalité augmentée est encore embryonnaire. Toutefois, nous avons trouvé une application française fort sympathique permettant de créer ce genre de CV: CV augmenté, développée par ARGO Augmented Documents. On soumet le CV sur le site en ligne, on y ajoute des hyperliens et l’application génère un CV à consulter en réalité augmentée, à travers l’application mobile SnapPress.
La démarche semble un peu compliquée pour le recruteur, qui doit installer et utiliser Snapress. Mais, les artisans de CV augmentée nous expliquent ceci:
Le CV papier est numérisable en réalité augmentée ; il le sera très vite sans application, en WebAR. Mais il est aussi en PDFz, soit une version numérique partageable sur les réseaux sociaux, par courriel ou autres canaux et qui embarque bien entendu les augmentations que vous voyez en AR. Nous offrons également la possibilité d’avoir des données de consultation sur le CV PDF et sur le CV papier en standard pour tout utilisateur du service.»
Si vous maîtrisez les outils de design numérique, c’est peut-être la méthode DIY qui vous convient. d’ailleurs, plusieurs professionnels prennent l’initiative de créer eux-mêmes leur CV en réalité augmentée «fait maison» pour impressionner la galerie.
Voici un premier exemple, par David Wood:
Un second exemple, par Daniele Licari:
Et en version carte professionnelle, par Oscar Falmer :
3. Le CV en chaîne de blocs
Intérêt : présenter aux employeurs et aux recruteurs des informations authentifiées, impossibles à falsifier.
Nous avions annoncé la nouvelle en 2018, à savoir que la startup américaine WorkChain avait lancé, selon ses mots, « le tout premier CV en chaîne de blocs ». Le service se nomme WorkID et s’adresse aussi bien aux travailleurs qu’aux employeurs.
Depuis, un autre joueur s’est lancé dans l’aventure : la start up anglaise appii propose un service de validation des employeurs et du parcours scolaire, qu’elle s’inscrit par la suite dans une blockchain.
À l’heure actuelle, le défi du CV en chaîne de blocs est le suivant : trouver un canal simple permettant la validation des employeurs et des institutions d’enseignement. On apprend, dans un article publié sur le site d’Allenvision, que le MIT a développé une certification chaîne de blocs, pour valider le parcours de ses étudiants.
Voilà une initiative intéressante!