Les employés surqualifiés, la clé de l’innovation?
Embaucher des employés surqualifiés permet de faire d’une pierre deux coups en boostant la créativité et l’engagement, dit une nouvelle étude parue dans le Academy of Management Journal.
11 avril 2017
L’idée est contre-intuitive. Car, normalement, on pourrait croire qu’un employé surqualifié finit à coup sûr par perdre sa motivation au travail et se désengager de l’entreprise.
Or, une étude menée par les chercheurs Jing Zhou de l’Université de Rice et ses confrères Bilian Lin et Kenneth S. Law de l’Université chinoise de Hong Kong suggère le contraire.
Une première étude conduite sur 327 professeurs et leurs superviseurs immédiats a montré que, lorsqu’un professeur se percevait comme «surqualifié», il avait plus de chances d’enrichir sa description de poste (ce qu’on appelle aussi le job crafting) et de s’engager dans la bonne marche de l’organisation.
Une seconde étude effectuée sur 297 travailleurs occupant des emplois techniques mène aux mêmes résultats. Les chercheurs ont découvert que les employés objectivement surqualifiés (par leurs diplômes ou leur expérience) étaient davantage portés à bonifier leur description de tâches.
Toutefois, la corrélation tient la route jusqu’à un certain point. Si une perception de surqualification basse ou intermédiaire fonctionne bien, précisent les chercheurs, un écart trop grand entre les compétences de l’employé et la description de tâches devient néfaste pour l’entreprise.
À titre indicatif, les travailleurs surqualifiés possédant un diplôme universitaire ont 13 % plus de chances de se déclarer insatisfait de leur emploi, rapporte Statistique Canada.
La liberté, source de la créativité
L’idée de confier à l’employé la responsabilité d’adapter, d’élargir et d’enrichir sa description de tâches est l’élément le plus intéressant de cette étude.
Nous avons découvert, disent les auteurs, que l’enrichissement de tâches (job crafting) était positivement corrélé à l’expression de la créativité et du comportement de citoyenneté organisationnelle.»
En d’autres mots, les employés à qui on lâche du lest sont ceux qui en feront le plus pour l’organisation. Le comportement de citoyenneté, c’est la somme des petits gestes qui, même s’ils ne se chiffrent pas en dollars, peuvent faire toute la différence: prendre le temps d’accueillir un nouveau collègue, mentorer un junior, répondre à un client en dehors des heures de bureau, etc.
Un pensez-y-bien
Les recruteurs ne devraient pas écarter les candidatures surqualifiées, concluent les auteurs de l’étude, parce que ces individus, s’ils sont bien dirigés, peuvent apporter de la créativité et du comportement de citoyenneté à une organisation.»
Par «bien dirigés», on entend ceci:
Quand les cadres s’aperçoivent que leurs employés se sentent surqualifiés, ils devraient les encourager à changer, de manière proactive, les frontières ou la description formelle de leurs tâches.»
Voilà qui est dit!