LGBT+ : 4 conseils pour faire un « coming out » au travail
28 mars 2022
Dans la foulée de la conversation sociale entourant l’identité de genre, certains travailleurs pourraient ressentir le besoin (légitime) de faire leur « coming out » LGBT+* (lesbiennes, gays, bisexuels ou trans) au travail, afin de clarifier leur identité de genre ou leur orientation sexuelle à leurs collègues ou employeur. Cette démarche comporte des bénéfices (la satisfaction de pouvoir être soi-même), mais aussi, dans certains milieux, des inconvénients. Nous avons abordé la question avec Maxime Dumais, conseiller d’orientation en pratique privée et président-fondateur de Création-Carrière.
Avant d’entrer dans le vif du sujet (les conseils), Maxime Dumais met en lumière quelques-uns des avantages, mais aussi des inconvénients découlant d’une telle annonce au travail.
Les gens que j’ai entendu parler de leur coming out au travail – et les études le confirment – disent se sentir plus authentiques; et l’authenticité est fortement corrélée avec le bien-être au travail. Ils peuvent être eux-mêmes et développer des relations authentiques avec leur collègue. Leur quotidien est également beaucoup plus simple, puisqu’ils n’ont pas à cacher leur vie personnelle. »
S’ajoute aux avantages la satisfaction d’être un « modèle » pour la nouvelle génération ou ceux qui assument mal leur identité ou leur orientation.
Du côté des inconvénients, l’orienteur rappelle que certains milieux de travail demeurent réfractaires à la diversité de genre. En guise d’exemple, il nomme la police et l’armée, où du harcèlement continue de se vivre sur une base individuelle malgré des politiques officielles qui le condamne. Il pointe aussi, plus surprenamment, le milieu scolaire, où les professeurs qui affichent ouvertement leur orientation sexuelle doivent composer avec la réaction de certains parents (qui retirent leurs enfants du cours) et des commentaires désobligeants d’étudiants, de collègues ou de la direction, selon une étude de l’organisme GRIS.
Un coming out peut provoquer des réactions négatives – verbales ou non verbales – de la part de certaines personnes. Ça ne veut pas dire qu’il faut abandonner sa démarche, mais ça accentue l’importance de bien la préparer », explique le conseiller d’orientation.
1. Prendre la température du milieu
Tout d’abord, Maxime Dumais déconseille d’aborder la question dans un CV ou en entrevue. L’embauche d’une personne, rappelle-t-il, ne doit pas se faire sous la base de son genre ou de son orientation sexuelle.
Mon premier conseil est de tenter de voir, dans le milieu professionnel, s’il y a d’autres personnes qui s’affichent LGBTQ; est-ce qu’il y a des coming out qui ont déjà été faits dans le milieu de travail. Prendre la température du milieu professionnel permet de savoir dans quelle mesure il est nécessaire de planifier et formaliser son annonce. Si on apprend qu’il y a déjà eu du harcèlement, ça peut nous inciter à prendre certaines précautions. »
2. Trouver des alliés
Une des précautions à prendre est de trouver des alliés sensibles à sa cause.
Avant d’annoncer son orientation sexuelle, il est préférable de repérer des collègues qui peuvent nous appuyer dans cette action-là , conseille Maxime Dumais. Le soutien peut provenir d’une personne d’orientation sexuelle identique à la nôtre; toutefois, c’est encore mieux s’il provient d’une personne d’une orientation plus « traditionnelle » – même si je n’aime pas ce mot – , la normalisation pourrait alors être plus facile auprès des collègues. »
Au besoin, Maxime Dumais suggère de solliciter l’aide des ressources humaines, afin de préparer le terrain à l’avance. Les responsables RH ont par exemple la responsabilité de sensibilité les employés sur les enjeux de diversité. Certaines entreprises ont ainsi instauré une pratique de mentionner les pronoms dans les signatures courriel et sur les profils LinkedIn, afin d’envoyer un signal clair d’ouverture à la diversité de genre.
3. Choisir son moment et les mots utilisés
L’annonce peut se faire de différentes façons : ça peut-être aussi banal que de parler pour la première fois d’une activité que l’on a fait avec son « mec » (si on est gai) ou avec sa « copine » (si on est lesbienne); ça peut être plus formel, par l’annonce lors d’une réunion d’équipe. Dans tous les cas, Maxime Dumais suggère de réfléchir à la manière à l’avance.
Dans un milieu où l’on a identifié qu’il y a des préjugés, ce n’est sans doute pas une bonne idée de faire son coming out lors d’une 5 à 7, lorsque les gens ont un verre dans le nez. L’alcool peut décupler les réactions. »
4. Faire preuve d’écoute et d’empathie
Pour conclure, Maxime Dumais ajoute un conseil « bonus », s’adressant aux personnes qui reçoivent une annonce de ce type.
Un coming out n’est pas un geste banal. Si un collègue se confie à nous, c’est qu’il nous fait extrêmement confiance. C’est important de faire preuve d’empathie et d’écoute. Aussi, poser des questions et s’intéresser à la démarche peut être une façon de montrer à la personne que l’on reconnaît l’importance de son geste. »
*La nomination LGBT+ peut s’étendre à LGBTQIA+, pour lesbiennes, gays, bisexuelles, trans, queers, intersexes et asexuelles. (source : wikipedia)