Maternité et identité professionnelle : comment sortir du dilemme « carrière» ou «enfant » ?

4 juin 2025

Les femmes ont beau avoir massivement rejoint le marché du travail, l’enjeu de la famille n’a pas encore été résolu pour autant. Plusieurs sentent l’impératif de choisir entre la carrière ou les enfants, au risque de perdre dans l’un et l’autre. Nous avons abordé la question avec Francisca Gagné, conseillère d’orientation qui aborde les enjeux de parentalité et d’identité professionnelle dans la pratique.

En 2019, Francisca Gagné a vécu intimement la question du retour au travail ; avec un jeune enfant à la maison, elle ne se voyait pas retourner à temps plein au bureau. Le compromis a été pour elle de démarrer sa pratique privée en parallèle de son rôle de mère. En même temps, elle a développé un intérêt pour les questions liées à la maternité et au retour au travail, dans sa pratique professionnelle.

Avoir un enfant, c’est un énorme bouleversement. Certaines personnes ont beaucoup de difficulté à trouver la motivation de retourner au travail Â», constate-t-elle.

La société, aussi, envoie des messages parfois contradictoires :

Les gens autour de nous peuvent nous dire que c’est important de profiter du temps que l’on passe avec nos enfants quand ils sont jeunes. En même temps, on ressent la pression sociale de travailler, de poursuivre sa carrière et de performer, de pas passer trop de temps dans notre congé parental. Les mères font face à un discours ambivalent, qui met de la pression dans les deux sens, Â» confie-t-elle. 

« Accepter que chacune est différente »

Il y a un mois, la conseillère en orientation a lancé un groupe de soutien pour des mamans en congé de maternité qui souhaitent « mieux se connaître, se sentir moins seule dans leur nouvelle vie de parent, concilier travail-famille et planifier leur retour au travail. Â» Elle insiste sur le fait qu’il n’y a pas de solutions toutes faites. Il n’existe pas un modèle, un choix ou un ordre de priorité meilleur qu’un autre. Son approche se fait dans l’écoute et la bienveillance.

Chaque mère est unique et a le droit d’exister selon ses préférences à elle. Une mère a le droit de vouloir retourner travailler rapidement, comme elle a le droit de vouloir rester à la maison plus longuement. Les deux peuvent exister. Dans un groupe de soutien, l’idée est d’accepter que chacune est différente et a ses propres préférences. L’idée est de normaliser une variété d’options. Â»

À travers sa pratique privée, Francisca Gagné guide la conversation pour amener les mères à mieux de se connaître, pour ensuite les aider à établir des critères décisionnels.

Parfois, il y a des contraintes de la vie qui font qu’on ne peut pas atteindre une situation idéale dans l’immédiat. Mais c’est quelque chose qu’on peut planifier à long terme. Â»

Aussi, Francisca Gagné encourage les mères à aller chercher l’aide et les accommodements dont elles ont besoin, que ce soit de la part de leur conjoint ou de leur employeur.  

Dans mes processus d’orientation, je constate que les pères contribuent de plus en plus dans un rôle familial, mais il y a encore un écart. J’aide les mères à affirmer davantage leurs besoins et mettre leurs limites. À demander plus de soutien de l’autre parent. Cela implique également de discuter avec son employeur pour voir s’il est possible de faire du télétravail par exemple. Pour un jeune parent, ça peut faire une grande différence. »

Les solutions seront imparfaites, hybrides, peut-être temporaires. Pour les trouver, il faut sans doute écouter davantage les principales intéressées.

---