Pourquoi les bureaux de demain doivent être de vrais lieux de vie
9 novembre 2021
A l’heure du travail hybride, potentiellement durable bien après la pandémie, une question se pose : que vont devenir les bureaux ? Et surtout : à quoi vont-ils ressembler à l’avenir en conséquence ? Tentative de réponses avec Pierre-Alexandre Pillet, fondateur de Sowen qui se spécialise dans la création de lieux de vie au travail.
Peut-on déjà rappeler quelle est l’activité et votre expertise chez Sowen ?
Pierre-Alexandre Pillet : Notre métier, c’est le conseil en nouveaux modes de travail. C’est-à -dire en prenant en compte le télétravail ou le flex office par exemple. On intervient en design d’architecture et dans les travaux d’aménagement mais également dans la décoration et le mobilier.
Aujourd’hui, nous avons une quinzaine de collaborateurs et nous connaissons une forte croissance depuis l’an passé, avec plus de 10 millions d’euros de chiffre d’affaires et une trentaine de projets par an.
Quels changements avez-vous perçu dans les demandes de vos clients depuis la pandémie ?
P.-A. P. : Sans surprise, la réflexion autour du télétravail amène mécaniquement un bouleversement du rôle du bureau. Avec cette question fondamentale : qu’est-ce que je fais de mes bureaux et comment je les réaménage ?
Autrement dit, la vraie question n’est plus télétravail ou flex office mais plutôt quelle proportion de télétravail et de flex office ? Et quel type de flex office je mets en place.
Quels sont les modèles de flex office qui existent ?
P.-A. P. : Il y en a plusieurs. La plupart du temps, on imagine le flex office comme l’absence de poste attribué dans toute l’entreprise. Je m’installe où je veux.
Sauf qu’aujourd’hui, les entreprises ne veulent pas de ce système. Elles souhaitent plutôt fonctionner par territoire. Par exemple, j’ai une équipe comptable de 10 personnes, il y a 2 ou 3 jours de télétravail par semaine, au lieu d’avoir 10 postes, je n’en garde que 6. Cela optimise l’espace.
Et ce qui est important, c’est de profiter de ces surfaces gagnées pour créer plus d’espaces collaboratifs et conviviaux, plus de salles de réunion pour 2 ou 3 personnes etc. En bref, un vrai lieu de vie. Pour faire revenir les collaborateurs au bureau, il est important qu’ils se sentent bien. Sans oublier le réalignement avec les valeurs de l’entreprise.
C’est-Ã -dire ?
P.-A. P. : Auparavant, quand on prenait des demandes, on demandait combien de bureaux cloisonnés, combien de bureaux ouverts, combien de flex office etc. Cela déterminait l’agencement qu’on allait proposer.
Aujourd’hui, on parle plus d’expérience et d’alignement des valeurs entre ce que l’on fait vivre aux clients mais aussi aux collaborateurs de l’entreprise. Ainsi, beaucoup repensent leurs valeurs et leurs raisons d’être. Ce qui, du coup, va avoir un impact sur les nouveaux locaux. On sait que les collaborateurs vont venir au bureau moins souvent qu’avant. Mais quand ils viennent, il faut qu’ils sachent pourquoi et qu’ils s’imprègnent de l’ADN de l’entreprise. La mission est beaucoup plus importante désormais.
Quels sont les conseils justement pour inciter les collaborateurs à revenir au bureau ?
P.-A. P. : Le bureau n’est qu’un influenceur, il ne faut pas se baser que sur cette stratégie pour faire revenir les salariés, cela ne marcherait pas. Cela doit s’ancrer dans un ensemble de mesures comme la politique de télétravail, de revalorisation salariale, de flexibilité etc.
La question à se poser est : pourquoi ils auraient envie de revenir au bureau ? Certes, l’esthétique a une importance. Mais ce qui a le plus manqué pendant la pandémie, ce sont les interactions sociales. Le fait de passer des moments sympas avec ses collègues. Cela veut dire qu’il faut créer plus de lieux de convivialité, plus de lieux hybrides. Le bureau n’est plus le lieu où l’on ne fait que travailler.
Et y-a-t-il des fausses bonnes idées ou des aménagements qui ne sont plus du tout en vogue ?
P.-A. P. : Ce qui revient le plus souvent et qui freine le plus les collaborateurs : les open space bruyants. La ruche dans le mauvais sens du terme. Où l’on n’arrive pas à s’isoler et à travailler tranquillement sur des tâches individuelles.
L’hybridation des surfaces est intéressante de ce point de vue. L’open space va continuer à exister mais de manière moins dense et moins bruyante. On va en effet jouer sur l’accoustique et les tissus utilisés. La fausse bonne idée serait donc de ne vouloir optimiser que pour gagner des mètres carrés. Sans vouloir apporter autres choses à la place.