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Qu’est-ce que le « Gen Z stare », ce regard fixe et sans émotion reproché à la nouvelle génération ?

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2 octobre 2025

Que les médias ont le don de s’acharner sur la nouvelle génération ! Retour sur la dernière microtendance en date, celle du « Gen Z stare », qui reproche aux jeunes adultes de ne pas savoir « comment » écouter un interlocuteur.

Commençons par le définir. Selon différentes sources, ce « regard du gen Z » serait « vide », « sans réaction » et « difficile à déchiffrer » de ces jeunes nés entre 1997 et 2012. Des vidéastes prennent ainsi l’exemple de certains jeunes employés du service à la clientèle qui resteraient impassibles, alors que, comme client, on s’attendrait à un sourire. 

La tendance a émergé dans le courant de l’été, comme on témoigne une recherche sur Google Trends. Les vidéos TikTok se sont multipliées sur le phénomène, ce qui a amené l’habituelle couverture médiatique sur Forbes par exemple.

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(Captation d’écran: 31 août 2025)

Il n’en fallait pas plus pour piquer la curiosité de la formatrice en mentorat Catherine Légaré.

Honnêtement, ça m’a fait réfléchir dans mon rôle de leader et de mentor, a-t-elle confié dans une publication LinkedIn. J’ai repensé à des moments bien précis : en réunion, devant un ou une collègue plus jeune. En mentorat, face à une mentorée qui m’écoutait… du moins, je crois. Dans ces moments-là, deux réflexes me viennent : chercher un signe extérieur que la personne est engagée (et parfois m’inquiéter si je ne le trouve pas). Me demander si c’est moi qui interprète ça avec mes propres codes, et que chez elle ou lui… c’est ça, écouter. »

La consultante en tire le constat suivant :

Je me rends compte à quel point notre lecture du non verbal est culturelle, générationnelle, personnelle. Différente en présentiel et en virtuel. En gestion ou en mentorat, le défi est le même : savoir nommer nos attentes en matière de communication. Être curieux de l’autre, plutôt que de conclure trop vite. »

Dans la conversation LinkedIn qui en a découlé, Yvonne Sesonga a réagi dans le même sens.

Le non verbal est culturel. Je ne compte pas le nombre de fois où, en entrevue, un gestionnaire s’est plaint que la personne ne la regardait pas en face, ou qu’elle regardait trop. Le hochement de tête qui ne dit pas la même chose dans toutes les cultures, les personnes neurodivergentes qui ont le non verbal dit ‘non standard’. On est mieux de poser des questions, de clarifier les ententes…mais cela demande une volonté d’explorer ce qui est normal chez l’autre. »

Naviguer entre ignorance et malhonnêteté intellectuelle…

De par son expertise en communication non verbale, le consultant et formateur Isarta Manuel Constant a été invité à se prononcer sur le phénomène. Il a réagi avec un brin d’exaspération :

Quel véritable foutoir ! D’abord, les articles en question n’ont strictement rien de scientifique. Ce sont de simples impressions, nées de discussions, accusant la génération Z avec un phénomène construit de toute pièce par une poignée de personnes ne disposant d’aucune donnée probante. Ensuite, les auteurs [de ce trend] ne s’entendent même pas entre eux pour expliquer exactement ce dont il s’agit. »

Sa conclusion est simple : jusqu’à preuve du contraire, ce phénomène n’existe pas. Les réactions des uns et des autres sont à prendre au «cas par cas».

Il y a dans ce ‘trend’ un gros mélange de malhonnêteté intellectuelle, de volonté de faire des posts viraux, d’ignorance et d’incompréhension.»

Ma conclusion personnelle : si l’exercice vise à condamner une génération complète, sans doute est-il préférable de passer son tour. Mais si elle devient plutôt un prétexte ou une tentative pour mieux comprendre l’autre, à travers ses codes de communications, peut-être vaut-il la peine de s’y attarder. En fin de compte, chacun demeure libre de l’interpréter à sa manière.


A propos de l'auteur

Philippe Jean Poirier est un journaliste qui se passionne pour les mots, l’écriture, la recherche, la collecte de témoignages, les tendances sociétales et les raisons souterraines qui alimentent l’actualité. Email: pj_poirier@isarta.com

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