Réunion virtuelle : un nouvel argument pour les partisans de la caméra « fermée »!
15 octobre 2021
Ouvrir ou non sa caméra lors des réunions : la question fait débat. Ou, du moins, elle divise les travailleurs entre deux clans. D’un côté, ceux qui ouvrent spontanément leur caméra, dans un esprit de transparence et de sociabilité. De l’autre, ceux qui se cachent sous un avatar générique ou personnalisé et qui, parfois, se réclament du droit à la vie privée dans un contexte de télétravail. À qui donner raison? Une étude en provenance de l’Université de Géorgie vient apporter un nouvel argument aux partisans de la caméra fermée.
Des chercheurs du Département de psychologie de l’Université de Géorgie se sont intéressés à la question de la fatigue Zoom, en partant d’un principe déjà bien connu en psychologie, à savoir que la « représentation de soi » demande un effort psychologique et peut ainsi devenir « fatiguant » à la longue.
La représentation de soi renvoie à l’idée que la plupart des gens ont un désir inné d’être perçu positivement et de transmettre des informations positives sur eux-mêmes », expliquent les chercheurs.
L’équipe de recherche a mesuré le niveau de fatigue quotidienne d’une cohorte de travailleurs étant appelés à assister à des réunions en caméra ouverte certaines journées, et d’autres journées, en caméra fermée. Sans grande surprise, ils ont découvert que leur niveau de fatigue était corrélé positivement avec l’utilisation de la caméra.
Nos résultats sont alignés avec l’idée populaire dans les médias et dans un corpus de recherche émergeant, lequel suggère qu’être observé augmente le besoin de gérer l’image que l’on projette et dirige l’attention sur soi, ce qui engendre de la fatigue. En ce sens, encourager les employés à utiliser davantage leur caméra peut avoir comme conséquence inattendue de contrer les effets positifs de ce comportement virtuel. »
Une fatigue plus intense pour les nouveaux employés
En analysant les résultats de manière granulaire, selon le genre et l’ancienneté des employés, les chercheurs ont découvert que les femmes et les nouveaux employés ressentaient plus intensément une fatigue que leurs collègues masculins et seniors.
Pour les femmes, expliquent les auteurs, notre hypothèse est qu’elles ressentent davantage de pression de démontrer leur compétence [au travail en général], en plus d’avoir la pression de répondre aux standards d’apparence de la société. Pour les nouveaux employés, nous supposons qu’ils ressentent le besoin de se présenter sous leur meilleur jour pour établir leur statut dans l’organisation. »
En conclusion, les auteurs font cette mise en garde aux gestionnaires :
Il est critique pour les organisations de comprendre qu’une politique obligatoire de caméra ouverte peut créer un dommage non intentionnel. Aussi, puisque les nouveaux employés sont à la recherche de signaux sociaux pour décider s’ils restent dans l’entreprise, faire des réunions virtuelles des expériences virtuelles plus positives est crucial. Opter pour une politique flexible sur l’utilisation de la caméra pourrait donner un signal de soutien à leur égard. »
Mentionnons que l’étude compte certaines limites, de l’aveu même des auteurs. Car, en fin de compte, l’équipe de recherche n’a mesuré que la fatigue et non le niveau d’engagement des participants, qui est un paramètre important de productivité.
Une question insoluble?
Cette étude est embêtante. Après un an et de demi de travail à distance, plusieurs organisations en ont conclu qu’il est préférable d’obliger les employés à ouvrir leur caméra pour favoriser la socialisation et l’engagement. Or, on se rend maintenant compte que cette pratique ajoute à la charge mentale d’une journée.
La conclusion? Utiliser la caméra avec modération, dans un esprit d’alternance avec d’autres canaux de communication, pourrions-nous suggérer. En attendant que d’autres études viennent faire la lumière sur la question!