Sobriété numérique : 5 actions pour réduire son empreinte carbone sur le Web

11 juin 2025
Avec l’intégration de l’intelligence artificielle dans toutes les facettes de la vie numérique, le cloud devient de plus en plus énergivore. Certaines agences et entreprises Web font aujourd’hui la promotion de la «sobriété numérique», un concept qui revient à tenter de réduire l’empreinte carbone de ses activités en ligne. Voici cinq actions à considérer pour participer à ce mouvement.
1. Choix de l’hébergeur
En avril dernier, l’Agence internationale de l’énergie a lancé un signal d’alarme pour annoncer que la demande énergétique mondiale des centres de données bondirait de 460 TWh en 2024 à 1 000 TWh en 2030.
Le choix du centre de données dans lequel on va héberger notre site a un énorme impact environnemental, annonce Alexandre Theve, analyste en cycle de vie de produits numériques de l’agence Davidson Canada. Si je prends un centre de données d’Amazon Web Service en Iowa par exemple, je vais être sur un mix énergétique qui va émettre 350 g de CO2 par kilowatt heure, alors que si je décide de me positionner dans un centre de données au Québec, je vais en avoir un autour de 30 g de CO2 par kilowatt heure. Soit 10 fois moins d’émissions de GES ! »
Les centres de données ne sont pas tous égaux. Encore là , on peut regarder de manière beaucoup plus granulaire l’ensemble des impacts environnementaux, en s’informant sur leur consommation d’eau, de métaux, leurs émissions de radiations ionisantes, le fait d’artificialiser les sols, etc. Les centres de données les plus transparents sauront répondre à ces questions.
2. Choix de design du site Web
Pour Benjamin Rancourt, fondateur de l’agence numérique responsable Merisia, un site Web « sobre en carbone » possède concrètement deux grandes caractéristiques :
- il est hébergé sur un serveur alimenté par de l’énergie renouvelable (point 1),
- puis il a été conçu dans une optique d’écoconception et a été optimisé afin d’être le plus léger possible en termes de poids de page.
L’informaticien nous explique quelques-unes des stratégies d’écoconception qu’il met en place chez ses clients:
Nous pouvons repenser les utilisations des images et surtout, des vidéos. Optimiser/compresser les différents contenus vidéo, audio et images, pour alléger le chargement, choisir soigneusement les extensions et les fonctionnalités utilisées… Puis il y a des stratégies plus techniques, souvent au niveau serveur, mais trop souvent négligées: activez la mise en cache du site, utiliser des algorithmes de compression (Gzip, minimalement, Brotli, idéalement) et mettre à jour l’infrastructure logicielle derrière le site – le serveur, le CMS, les extensions, etc. »
Plus largement, il mentionne qu’il est aussi possible d’optimiser la délivrabilité des courriels, pour éviter les envois inutiles vers les spams et de réduire la quantité de données conservées sur des espaces de stockages nuagiques.
3. Choix de modèles d’IA utilisés
Dans la prochaine décennie, la forte demande énergétique des centres de données proviendra largement de l’utilisation de l’IA dans les applications Web. Il faut donc la peine de réfléchir à l’utilisation personnelle de ses outils.
J’encourage les gens à utiliser des services d’intelligence artificielle moins énergivores, dit Alexandre Theve. Plutôt que d’utiliser Open AI, je peux prendre la décision d’utiliser de plus petits modèles que je vais héberger dans mes serveurs à moi, dans mon entreprise. »
4. Gestion du parc informatique
Une entreprise peut réduire ses impacts environnementaux en luttant contre l’obsolescence programmée. Alexandre Theve explique que son agence a mis en place des mécanismes internes d’approbation des achats informatiques pour s’assurer que son matériel puisse participer à l’économie circulaire.
Pour autoriser l’achat d’un nouvel ordinateur, on doit avoir à notre disposition une étude détaillée et fiable de l’impact de la construction de cet ordinateur. On veut avoir la certitude que l’équipement soit réparable facilement. On veut avoir l’assurance que la durée de vie de l’équipement a été pensée de la façon la plus longue possible, » explique-t-il.
L’agence s’est donnée comme objectif de faire passer la durée de vie de ses ordinateurs de 4 ans et demi à 6 ans.
5. Faire une déclaration d’écoconception sur son site
Faire de bonnes actions, c’est bien. Les communiquer avec transparence, c’est encore mieux. Ça pique la curiosité et ça encourage le mouvement à prendre son essor. Alexandre Theve conseille fortement aux entreprises de déclarer leur bilan carbone lié à leurs activités en ligne et aux efforts de mitigation dans une déclaration d’écoconception mis en évidence sur le site Web.
