Stéphane Simard : « Plus que jamais, il faut être à l’écoute de ses équipes ! »
5 avril 2021
« Devenez un employeur inspirant qui attire, mobilise et fidélise plus d’employés ». Voici le sous-titre, en guise de promesse, du nouveau livre de Stéphane Simard, l’employé ROI (éditions Viséo). Entrevue avec l’auteur qui se définit comme un générateur d’engagement.
D’où vient l’idée de ce livre ?
Stéphane Simard : On entend beaucoup en ce moment les expressions marque employeur, marketing RH, expérience employé…Or, je trouvais que souvent, on avait affaire à des approches trop superficielles. Il s’agissait de faire une belle campagne avec de beaux messages, mais, en bout de ligne, quand l’employé arrive, la promesse se révèle décevante.
Je voulais donc aller plus loin et montrer aux gestionnaires que l’expérience et la relation avec l’employé, pour bien cerner ses attentes, pouvaient mieux répondre à ses besoins.
Ce n’est pas l’expression qui compte, mais plutôt la volonté de placer l’employé au cÅ“ur des initiatives de l’entreprise, en lui redonnant la place qui lui revient.
Pourquoi le choix de ce titre, l’employé roi ?
S.S.: Je joue sur les les mots. Il y a évidemment le fait de placer l’employé au centre de la démarche. On disait « Le client est roi ». Maintenant c’est l’employé.
Mais il y a aussi une référence au retour sur investissement (Return On Investment). Nous savons tous que le niveau d’engagement d’un employé est proportionnel aux bénéfices qu’il tire de son travail.
Il faut donc réussir à creuser ce que l’individu valorise le plus dans son travail. Il y a une vingtaine de facteurs qui font qu’un employé apprécie un travail donc il faut s’y intéresser.
Le manque de ressources humaines peut être un enjeu, mais le véritable problème est qu’on essaie trop souvent de vendre une expérience employé sans vraiment chercher à savoir ce à quoi les gens s’attendent d’un job satisfaisant.
Quels sont les problèmes généralement vécus par les organisations ?
S.S. : Les managers doivent comprendre que chaque membre de son équipe ne valorise pas les mêmes choses.
En plus de comprendre les attentes, il faut ensuite être aussi capable de livrer en tant qu’organisation. Il y a en effet souvent un écart entre les deux, ce que veut l’employé et ce que peut offrir l’employeur. C’est ce qui fait que beaucoup de personnes ne s’engagent pas.
Par ailleurs, je vois beaucuop d’employeurs qui ne savent plus vers quel saint se vouer pour attirer du personnel. Ils essaient d’attirer l’attention avec leurs affichages mais, en bout de ligne, ce n’est pas ce qui fait l’engagement.
Ni la rétention et la fidélisation dans l’entreprise…
S.S. : Oui, c’est comme si tu essaies de remplir une piscine trouée. D’autant que ce n’est pas toujours qu’une question de nombre. En allant chercher un peu plus d’engagement émotif des employés, tu peux accomplir plus de choses avec le même monde, voire avec moins de gens !
Quels sont les étapes recommandées pour engager ses équipes ?
S.S. : Il faut tout d’abord faire un portrait de la situation. Et notamment se demander : qu’est-ce qu’un employé recherche et ce que je suis capable d’offrir ?
Puis, il faut faire prendre conscience aux managers qu’ils sont les soutiens dans une grande histoire, dont l’employé est le personnage principal et il cherche à réaliser ses aspirations.
Comment faire concrètement ? Il y a 3 points :
- Proposer une vision de l’avenir pour l’employé
- Action : pouvoir offrir la chance à l’employé de mettre en exécution ses forces le plus souvent possible au quotidien.
- Appréciation : reconnaître ce que les gens font de bien. Et ne pas juste donner des récompenses mais attirer l’attention sur ce qu’ils font de bien pour s’assurer qu’ils le répètent le plus souvent possible
N’y a-t-il pas le risque d’avoir des employés capricieux en les traitant de « roi » ?
S.S. : Je dis souvent aux gestionnaires : si vos employés sont très focus sur l’aspect matériel, c’est qu’ils pensent que c’est la seule chose qu’ils peuvent avoir. J’invite donc les managers à savoir ce qui rend vraiment la personne heureuse à son travail.
Si en effet mon patron est désagréable, l’ambiance n’est pas terrible, les horaires détestables… qu’est-ce qu’il me reste à part monnayer ce que je peux ?
La pandémie est-elle une opportunité en la matière ?
S.S. : Oui, le moment est propice car on a moins de relations de proximité, les employés sont plus déconnectés de leur organisation. Il faut donc plus que jamais être à l’écoute de ses équipes.
Peut-être d’ailleurs que leurs attentes ont changé en un an ? Ce qui les rendait heureux il y a un an, n’est plus le cas aujourd’hui… et peut-être pour toujours !