Sur Internet, on aime de plus en plus être spectateur plutôt qu’acteur. Une tendance durable? Reviewed by Philippe Jean Poirier on . 12 décembre 2018 En désertant Facebook au profit de YouTube, les Internautes se détournent d’une plateforme qui les met en vedette au profit d'une autre qui les 12 décembre 2018 En désertant Facebook au profit de YouTube, les Internautes se détournent d’une plateforme qui les met en vedette au profit d'une autre qui les Rating: 0

Sur Internet, on aime de plus en plus être spectateur plutôt qu’acteur. Une tendance durable?

12 décembre 2018

En désertant Facebook au profit de YouTube, les Internautes se détournent d’une plateforme qui les met en vedette au profit d’une autre qui les relègue au rôle de spectateur. Preuve supplémentaire de la tendance émergente à séparer le « social » du « média ». Explications.

Les plus récentes données de fréquentations de sites Web compilés par la firme SimilarWeb tracent deux trajectoires opposées : le média social Facebook poursuit son déclin, passant de plus de 8,5 milliards de visites mensuelles à 4,7 milliards en 2 ans, alors que YouTube, lui, affiche une lente mais régulière progression (4,5 milliards).

Les deux compétiteurs sont à la croisée des chemins :

Nous sommes à l’aube d’un changement de paradigme. Nos projections montrent que le trafic de YouTube va bientôt dépasser celui de Facebook pour devenir numéro 2 [NDLR : Google demeure numéro 1 avec une bonne longueur d’avance à 15,2 milliards] », explique Stephen Kraus, rédacteur en chef du site Market Intelligence Central.

Qu’en conclure? Il est évident que, d’une part, Facebook est train de diversifier ses activités :

L’utilisation de ses applications est large et en augmentation, et [Facebook] trouve de la croissance dans d’autres secteurs de son portfolio, comme Instagram et Messenger. Les utilisateurs d’Instagram sur Android, par exemple, passent désormais 56 minutes par jour sur l’application, contrairement à 27 minutes il y a un an. Cette transition reflète comment Facebook est déterminé, non seulement à faire grandir son site principal, mais aussi à poursuivre l’expansion de tout son écosystème », explique Stephen Kraus.

Mais on peut aussi y voir un essoufflement d’un modèle d’affaire où l’utilisateur est le principal producteur de contenu (par la publication d’opinions, de commentaires, de photos et de vidéos). Facebook le reconnaît lui-même, lorsqu’il a annoncé que ses stories allaient bientôt dépasser en volume ses publications dans le fil d’actualité.

D’ailleurs, que font les utilisateurs d’Intragram, pendant 56 minutes par jours? À première vue, les utilisateurs de ce réseau média ne sont pas les créateurs de contenu les plus prolifiques. Pour 500 millions d’usagers, il ne se publie que 95 millions de photos par jour, soit une photo au 5 jours par utilisateur (une statistique de 2016).

En fin de compte, les utilisateurs d’Instagram regardent du contenu de qualité créé par des influenceurs et des marques qui ont compris la « coolitude » des nouveaux médias sociaux, axés sur la légèreté et l’instantanéité.

Le retour du contenu « traditionnel »

Le retour en force de YouTube comme seconde plateforme – après le Roi Google – souscrit parfaitement à cette idée. Si les Internautes se tournent aujourd’hui vers YouTube, ce n’est pas pour créer de nouvelles chaînes ou écouter les vidéos hors focus et mal éclairés de leurs amis.

C’est pour visionner leurs shows préférés en rediffusion (The Late Show with Stephen Colbert, Real Time with Bill Maher, The Ellen Show et combien d’autres exemples), les grands réseaux ayant maintenant compris qu’ils devaient diffuser leur contenu où le public se trouve, sur le Net.

Si IGTV a connu un départ fulgurant, c’est entre autres parce qu’il a promis de diffuser du contenu de haute qualité produit par des influenceurs sélectionnés sur le volet. D’ailleurs, Facebook vient tout juste d’annoncer l’extension de son service de contenus de vidéo, Watch, déjà déployé aux États-Unis depuis un peu plus d’un an.

On nous a longtemps fait croire que les consommateurs voulaient plus d’interactivité et d’option de personnalisation; qu’ils voulaient, d’une certaine manière, participer à la création du contenu qu’ils consommaient… Les données de consommation audio-visuelle donnent à penser le contraire.

Le contenu audiovisuel unidirectionnel (comprendre ici : une histoire scénarisée par un auteur et produite par des professionnels) demeure Roi et Maitre de nos habitudes de consommation, par le retour de YouTube, par l’ascension continue de Netflix, par la vidéo sur demande, mais aussi par la boîte noire qui trône dans le salon et continu de divertir les Canadiens en moyenne 26,2 heures par semaine!

A propos de l'auteur

Philippe Jean Poirier

Philippe Jean Poirier est un journaliste qui se passionne pour les mots, l’écriture, la recherche, la collecte de témoignages, les tendances sociétales et les raisons souterraines qui alimentent l’actualité. Email: pj_poirier@isarta.com

Laisser un commentaire

Retour en haut de la page