Télétravail: enlevons nos lunettes roses
Le télétravail a la cote. C’est ce que souhaitent une majorité de travailleurs. C’est économique et avantageux pour les entreprises. Il ne faudrait pas pour autant en masquer les côtés sombres. L’heure juste sur le télétravail.
22 juin 2017
À la suite de l’article ventant les mérites du travail à distance (Télétravail: 10 arguments pour convaincre votre patron), une lectrice a jugé bon de faire une mise en garde dans la section «commentaires» de la page d’Isarta Infos:
Le télétravail est effectivement une option intéressante, à la fois pour l’employé et l’employeur. Par contre, il serait intéressant de faire ressortir les aspects moins reluisants, notamment au chapitre des impacts psychologiques tant pour le travailleur que le gestionnaire, car malheureusement, ce n’est pas complètement rose comme forme d’organisation du travail.»
Cette lectrice, Sylvie Renaud, a raison. Tout juste en février dernier, un rapport de l’ONU visant à compiler les études disponibles dans 15 pays sur le télétravail renvoie un portrait mitigé de cette forme de travail. Le titre: Travailler en tout temps, en tout lieu: les effets sur le monde du travail.
Bien sûr, on y mentionne l’impact positif de la réduction du temps de transit sur la vie personnelle et familiale des employés. Mais les côtés sombres sont aussi largement documentés:
Plusieurs aspects [du télétravail] ont été identifiés comme pouvant poser un risque pour la santé et le bien-être des travailleurs: les longues heures de travail, l’interférence travail-vie associée à l’effacement de la frontière entre le travail rémunéré et la vie personnelle; l’intensification du travail, l’isolement; et l’épuisement professionnel.»
Paradoxalement, les employés qui obtiennent du télétravail ont tendance à travailler plus d’heures en moyenne dans une journée que leurs collègues au bureau. De plus, ils demeurent disponibles en tout temps pour un appel ou un courriel, ce qui induit du stress et peut provoquer de l’insomnie.
Selon un rapport de la Commission européenne datant de 2010, 42 % des employés en télétravail disent se réveiller la nuit à plusieurs reprises, alors que seulement 29 % des employés de bureau éprouvent ce trouble nocturne.
Difficile solitude
Un des aspects problématiques du travail à distance est l’isolement et le manque d’accès au renseignement «informel» qui circule au bureau; soit l’information que l’on recueille en échangeant quelques mots avec un collègue dans le corridor, ou à l’heure du lunch.
Dans une étude de 2012 menée à Buenos Aires, les inconvénients les plus souvent cités par les employés à la maison sont «moins d’interactions avec les amis» à 62 %, l’obligation de «travailler quand on est malade» à 50 % et le fait «d’être isolé» à 36 %.
En Italie, on a découvert que la solitude et le manque d’interactions sociales réduisaient le bien-être de 42 % des employés en télétravail et l’impossibilité de recourir à l’aide d’un collègue affectait le moral de 30 % d’entre eux.
En quête d’équilibre
Pour obtenir le meilleur des deux mondes, un des coauteurs du rapport, Jon Messenger, propose une approche mixte:
L’équilibre idéal semble être 2 à 3 jours de travail à domicile» a-t-il dit lors d’une conférence de presse à Genève, rapporte l’AFP.
Le rapport de l’ONU insiste également sur l’importance pour les États d’encadrer plus étroitement les employés qui optent pour le télétravail. D’une part, en étendant la protection des lois du travail à la prestation de travail à la maison. D’autre part, en veillant à appliquer les lois déjà existantes.
Maryse Rancourt
Comme cette approche est très populaire, j’aimerais beaucoup qu’on nous expose davantage les côtés plus sombres du télétravail. Je suis restée un peu sur ma faim suite à la lecture de cet article dont le sujet est fort intéressant, ayant moi-même des employés qui pratique à l’occasion le télétravail.
Merci à vous!