7 enseignements clés sur l’usage numérique des Français
27 juillet 2021
Le baromètre numérique, étude annuelle menée depuis 2000, réalisée par le CREDOC et pilotée par l’Arcep, le CGE et le Programme Société Numérique de l’ANCT, livre des informations particulièrement éclairantes sur les usages des Français en la matière. En voici une synthèse non exhaustive.
Réalisée par le CREDOC (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie), cette enquête porte sur un échantillon représentatif de 4 029 personnes de 12 ans et plus, interrogées par téléphone et en ligne. Le rapport complet fait plus de 300 pages… Mais en voici 7 enseignements.
- Les smartphones toujours plus présents dans le quotidien des Français…
Au cours de la dernière décennie, l’usage du smartphone s’est massivement développé en France. Fin 2020, 84% des personnes âgées de douze ans et plus possèdent un smartphone, une proportion en progression de sept points en un an.
Il est même quasiment rendu au même niveau que l’ordinateur en termes de nombre d’utilisateurs… et est passé devant quand il s’agit d’un usage quotidien (73 % contre 66 %).
2. … pour des utilisateurs de plus en plus jeune…
Parmi les moins de 25 ans, 35% ont eu leur premier téléphone mobile avant 12 ans, les filles (41%) plus que les garçons (30%). Parmi les 12 à 17 ans, ils sont 44% à avoir été équipés de leur premier mobile avant 12 ans, le premier équipement est donc de plus en plus précoce.
3. … Ce qui pose le problème de l’enjeu environnemental
Le smartphone représenterait toutefois une part significative des émissions de gaz à effet de serre, notamment lors de sa conception, à savoir 11% de l’empreinte globale du numérique en 2019. La grande question serait celle de la durée de vie.
Les durées de détention individuelles semblent en effet rester limitées : 84% des possesseurs de smartphone déclarent le détenir depuis moins de trois ans. Sachant que les smartphones de seconde main ne représentent encore que 17% de l’ensemble des smartphones utilisés par les personnes de 12 ans et plus.
Si les causes du renouvellement d’un smartphone sont multiples, dans la majorité des cas (37%), les personnes interrogées déclarent avoir renouvelé leur smartphone parce qu’il ne fonctionnait plus correctement ou que le système d’exploitation n’était plus mis à jour.
Et lorsque les smartphones sont remplacés, la vente, le don ou le recyclage des anciens terminaux représentent une part importante des pratiques (42%) mais elle reste encore minoritaire. Plus de la moitié (53%) des anciens terminaux sont conservés à domicile. Parmi les raisons évoquées, 52% des personnes considèrent que l’ancien terminal peut encore servir, mais dans 25% des cas, un accompagnement permettrait potentiellement le réemploi ou le recyclage : en effet 16% des personnes interrogées déclarent ne pas savoir quoi en faire et 9% le conserver pour des questions de sécurité des données.
4. La crise sanitaire (et les confinements) a accéléré les usages numériques
La crise sanitaire a intensifié l’achat de biens en ligne, et par conséquent la livraison de colis : 76% de la population française âgée de douze ans et plus a déclaré avoir effectué au moins un achat de bien sur internet au cours des 12 derniers mois, contre 62% en 2019.
Parmi ces utilisateurs, la moitié a eu recours au commerce en ligne au moins un fois par mois (+13 % en deux ans). Acheter sur internet et vendre deviennent des pratiques courantes. Ainsi, 44% des Français vendent des biens ou des services (29% en 2015). Les acheteurs en ligne ont plus de chances d’être, également, des vendeurs (55%, + 11 points).
Après avoir marqué le pas ces trois dernières années, la part d’internautes a cru de 4 points cette année pour atteindre 92%. Cette évolution concerne les plus de 60 ans qui se sont emparés du numérique (93% dans la tranche d’âge 60-69 ans, + 12 points par rapport à 2019 et 71% pour les plus de 70 ans, + 13 points) et les non diplômés (66%, + 11 points par rapport à 2019). 83% de la population se connecte quotidiennement à internet.
Pendant les périodes de confinement, les usages se sont diversifiés. Internet a massivement permis de maintenir le lien social :
- 3 personnes sur 4 l’ont utilisé pour communiquer avec leurs proches
- 62 % des personnes ont recherché des informations sur la pandémie
- un adulte sur trois a télétravaillé (33%)
- trois sur dix ont suivi la scolarité des enfants ou les ont aidés à suivre les cours en ligne (30%)
- et un sur quatre (26%) a réalisé une consultation médicale en ligne.
Le besoin de communiquer s’est aussi traduit par l’usage massif des services de téléphonie depuis les réseaux fixes et mobiles mais également par l’utilisation des logiciels de communication : 79% des détenteurs de smartphone ont fait l’usage des messageries instantanées et 67% ont téléphoné via des applications.
5. Tandis que le temps passé devant les écrans est resté quasi stable
Le temps passé hebdomadairement devant la télévision est en moyenne de 19h (+ 1h depuis 2018), sur internet de 19h (+ 1h depuis 2018). Si deux-tiers de la population regardent des films sur internet (la moitié en 2018), la durée de visionnage reste stable à 6h par semaine.
6. Recul des craintes liées à la protection des données personnelles
Les craintes liées au manque de protection des données personnelles sur Internet refluent (26%, – 14 points). Cette question des données personnelles reste néanmoins le premier frein cité, loin devant la qualité de service (10%, + 5 points), notamment chez les internautes. A l’inverse, les non-internautes pointent plus souvent la complexité ou le manque d’utilité (22% et 20%).
La crainte exprimée vis-à-vis de la protection des données personnelles diminue en raison de la diffusion de pratiques de précautions massivement adoptées. 29% des usagers auraient ainsi éteint leur téléphone mobile pour éviter d’être tracé (+ 12 points par rapport à 2014). 66% auraient renoncé à un achat par manque de confiance au moment du paiement (+ 7 points).
Cependant, ces précautions ne sont pas toujours suffisantes. 20% des personnes interrogées regrettent d’avoir publié ou écrit des choses concernant leur vie privée sur internet (8% en 2014, + 12 points). Tandis que 29% ont déjà été gênés que certains éléments de leur vie privée figurent sur internet (19% en 2014, + 10 points).
7. Des freins persistants à la pleine utilisation du numérique
Si avec l’usage accru des équipements, le sentiment de compétence progresse par rapport à 2017 (ordinateur 82%, +15 points ; smartphone 80%, +11 points ; tablette 68%, +6 points), 35% des Français éprouvent au moins une forme de difficulté qui les empêche d’utiliser pleinement les outils numériques et internet.
Plus que l’équipement ou l’accès à internet, c’est la complète maîtrise des outils numériques qui reste le premier frein à la pleine utilisation du numérique (18%).
Parmi les principaux usages numériques en période de confinement, c’est le suivi scolaire qui a été le moins aisé. En effet, 36% des personnes concernées ont effectué ces démarches soit seuls avec des difficultés soit avec de l’aide ou n’ont tout simplement pas réussi.
A l’inverse, ce sont les échanges avec les proches et la recherche d’informations sur internet qui se sont révélées être les actions les plus faciles à réaliser en autonomie, sans avoir besoin d’aide et sans difficulté (respectivement à 88% et 87%).
Cependant, derrière ces taux moyens élevés se cachent une importante hétérogénéité selon les catégories de population. Par exemple, les personnes non diplômées ont été plus en retrait quant à l’usage des outils numériques pour échanger avec leurs proches ou effectuer des recherches sur internet. Seulement 39% d’entre eux indiquent qu’ils ont utilisé ces outils de communication sans difficulté (soit 26 points de moins que la moyenne générale) et 60% d’entre eux indiquent ne pas avoir fait de recherche d’informations sur internet sur le Covid par exemple (soit 25 points de plus que la moyenne).
Retrouvez l’étude complète en cliquant ici ou sa synthèse ici
Méthodologie
L’enquête, habituellement administrée en face-à-face entre les mois de juin et de juillet, a été annulée en 2020, pour cause de pandémie. Une autre organisation a été mise en place, avec un recueil mixte organisé entre le 4 décembre 2020 et le 9 janvier 2021 : online mais aussi, pour corriger le biais de sélection, par téléphone.
L’enquête s’est déroulée auprès de 4 029 personnes, réparties en trois populations distinctes, avec des questionnaires adaptés et des quotas spécifiques :
• 3 235 personnes de 18 ans et plus ont été interrogées en ligne ;
• 472 personnes de 18 ans et plus éloignées du numérique (ne disposant pas, à leur domicile, d’une ligne de connexion fixe à internet) ont été interrogées par téléphone ;
• 322 personnes âgées de 12 à 17 ans ont été interrogées online, après recueil de l’accord préalable de l’un des parents.
Les résultats présentés sont des résultats redressés : ils sont donc représentatifs de la population de 12 ans et plus résidant en France métropolitaine et, à ce titre, mis en regard des précédents résultats, issus d’enquêtes menées en face-à-face.