Comment refuser une promotion à un employé (sans le démobiliser !)
26 août 2021
Plusieurs grandes entreprises ont le réflexe d’afficher leurs postes en interne avant de chercher des candidats en dehors de l’organisation. Or, ce procédé induit un problème de taille : les candidats internes qui essuient un refus ont tendance à se désengager de leur travail et, à terme, à démissionner en plus grands nombres. Des chercheurs ont toutefois découvert comment atténuer ces effets négatifs.
Les vertus du recrutement interne sont nombreuses et reconnues un certain temps déjà . En 2011, une étude a entre autres démontré qu’un candidat externe sera généralement payé plus cher (18% plus cher, selon l’étude), prendra plus de temps à s’intégrer et aura une performance moindre qu’un candidat interne. On comprend la tentation de ce tourner vers cette forme de recrutement.
Toutefois, instaurer un processus de recrutement interne en bonne et due forme est une arme à double tranchant. Lorsqu’on affiche un poste à l’interne, il devient inévitable de devoir refuser des candidatures. Et, selon différentes études, un refus interne a tendance à diminuer la satisfaction au travail, puis, à terme, mène plusieurs candidats déchus à quitter l’entreprise.
Pas une fatalité
En février dernier, des chercheurs de l’Université de l’État de Pennsylvanie ont publié dans le Academy of Management Journal une vaste étude ayant pour but de dégager les facteurs qui peuvent aider à faire passer la pilule d’un refus interne. Les résultats reposent sur l’analyse de 9 000 expériences de refus internes à travers 100 entreprises sur une période de 5 ans. Gestionnaires, prenez bonne note: le premier facteur qui atténue les effets négatifs vous concerne directement !
Les chercheurs de l’Université de l’État de Pennsylvanie ont découvert qu’un candidat qui a été passé en entrevue par le gestionnaire responsable du poste affiché a plus de chance de rester dans l’organisation qu’un candidat qui a été rejeté à l’étape de la sélection du CV ou qui a été passé en entrevue seulement par un membre du personnel RH.
Les employés qui ne se rendent pas à l’étape de l’entrevue ont tendance à sentir que leur candidature n’a pas été considérée sérieusement et ont rarement de la rétroaction sur comment améliorer leur chance dans le futur. Ils auront alors tendance à regarder à l’externe pour obtenir des promotions ou de l’avancement », ont expliqué les auteurs de l’étude, JR Keller et Kathryn Dlugos, dans la revue HBR.
Lorsqu’un gestionnaire prend le temps de recevoir un candidat interne en entrevue, il envoie le signal que ce candidat possède les compétences minimales pour occuper le poste convoité. Aussi, l’entrevue peut servir à communiquer aux candidats internes qui ne seront pas retenus les compétences à acquérir pour éventuellement se qualifier au poste.
La découverte clé de notre recherche est que les employés ne postulent pas seulement parce qu’ils veulent l’emploi dès maintenant; ils veulent aussi savoir quelles sont les occasions d’avancement pour eux dans le futur. Si un employé est rejeté aujourd’hui, il a de grandes chances de demeurer dans le décor s’il a le sentiment que son tour viendra éventuellement », résument les chercheurs.
Se commettre en interne
Le deuxième facteur important qui ressort de la recherche est de savoir si le poste a finalement été pourvu à l’interne ou à l’externe. Selon l’étude de l’Université de l’État de Pennsylvanie, les candidats « refusés » auront moins tendance à se démobiliser si le candidat retenu est un collègue.
Encore une fois, l’hypothèse demeure la même : si le poste est comblé par un collègue, les candidats refusés auront tendance à penser que leurs chances demeurent élevées d’éventuellement être retenues lors d’un prochain affichage.
Bonne recherche de candidats… internes !