Le salaire fait-il le bonheur ? Reviewed by La Rédaction on . 13 décembre 2019 "On est tous à 10 000 $ (7 000 euros) du bonheur..." En mai dernier, se tenait une discussion autour du lien entre rémunération et bonheur, dan 13 décembre 2019 "On est tous à 10 000 $ (7 000 euros) du bonheur..." En mai dernier, se tenait une discussion autour du lien entre rémunération et bonheur, dan Rating: 0

Le salaire fait-il le bonheur ?

13 décembre 2019

« On est tous à 10 000 $ (7 000 euros) du bonheur… » En mai dernier, se tenait une discussion autour du lien entre rémunération et bonheur, dans le cadre de la Conférence des Affaires sur la rémunération globale. Et les propos des intervenants sont souvent allés à l’encontre des idées reçues. Compte-rendu.

« Le bonheur, c’est continuer à désirer ce que l’on possède. » C’est par cette citation de Saint-Augustin que Geneviève Cloutier, associée rémunération et performance chez Normandin Beaudry et animatrice de la discussion, a commencé l’échange.

Et justement, pour parler de la véritable importance de la rémunération au travail, cette dernière a rapidement donné la parole au psychologue, Jacques Forest, professeur titulaire à l’ESG UQAM et auteur de l’Échelle Multidimensionnelle des Motivations au Travail.

Un effet de satiété

Première question : y a-t-il un revenu maximal au-delà duquel on est moins heureux ? Oui, selon lui.

Plus on a d’argent et plus on est heureux… jusqu’à un certain point. Après, il se produit un effet de satiété », précise-t-il.

D’après une étude menée auprès de 1,7 million de personnes dans 164 pays, ce palier est même connu : en Amérique du Nord, il se trouve dans la fourchette entre 65 000 et 115 000 $ annuels. Au-delà, le bonheur et le bien-être décroissent donc.

Pourquoi, demande une personne dans la salle ?

Car l’argent commence par devenir un souci. À cause de la comparaison sociale, on va se créer de nouveaux besoins. Mais le capitalisme et le matérialisme ne donnent pas les vitamines dont le cerveau a besoin ! », explique Jacques Forest.

Le professeur parle par exemple du paradoxe des déplacements professionnels. Pour gagner un meilleur salaire, une personne peut être tentée de rejoindre une nouvelle entreprise, située plus loin de son domicile. Un choix rationnel économiquement… mais qui n’est pas logique d’un point de vue psychologique !

Le temps perdu pour aller et revenir du travail, disons une heure chaque, provoque des pensées négatives qui, au final, font que l’individu est dans le même état psychologique que s’il venait de perdre son travail. L’argent est une ressource. Mais le temps en est une aussi ! »

Le plaisir et la quête de sens avant tout

Jacques Forest indique également que l’idéal serait d’avoir, dans une société, un ratio entre la personne la plus et la moins payée compris entre 5 et 7. Or, aux États-Unis, ce chiffre est de… 354 ! On voit tout le chemin qu’il reste à parcourir.

Pour illustrer le fait que l’argent ne soit pas l’alpha et l’oméga de tout travail, le chercheur pose une question simple : continueriez-vous de travailler si cela n’était pas nécessaire, autrement dit, si vous gardiez malgré tout votre confort de vie actuel ? Réponse : oui, à plus de 75 % ! Ce qui lui fait dire que l’argent n’est bien qu’une des raisons possibles pour aller au travail.

Le psychologue fait d’ailleurs un parallèle avec le sport, lui qui a accompagné les soeurs Dufour-Lapointe lors des JO de Sotchi en 2014 :

En travail, on parle d’argent. En sport, ce sont les médailles. Mais, la moins bonne façon de gagner une médaille… c’est de vouloir gagner une médaille ! Ce qui compte, c’est le plaisir et le sens au quotidien, y compris lors des entrainements qui peuvent paraître plates. Il faut croire en ce que l’on fait. »

Une transition toute trouvée pour laisser la parole à l’autre intervenant de la discussion, Maxime Boilard, président de la société de conseil en performance CANU et ancien champion de canoë, 4e aux JO de Sydney en 2000.

La première moitié de ma carrière, je payais pour donner des coups de pagaies. Puis, dans la seconde, on me payait pour le faire. Pourtant, le bonheur était équivalent. Je faisais ce que j’aimais. »

Quand le monde du sport et de l’entreprise s’entremêlent

Pour lui, la comparaison entre le monde du sport et celui de l’entreprise se fait de façon tout à fait naturelle.

Tu ne gagnes pas une course parce que tu rames vite… mais parce que le bateau va vite. Il faut comprendre ce qu’on doit faire pour y arriver. » 

Et concrètement, plusieurs bonnes pratiques peuvent être appliquées. Par exemple, pour atteindre une performance maximale, un athlète va avoir besoin d’une quinzaine de minutes pour s’échauffer, et ainsi pouvoir livrer ensuite le meilleur de soi-même.

En entreprise, on fait les choses parce qu’il faut les faire. Et pourquoi ne pas commencer une réunion par exemple par des respirations pour se calmer, se préparer et être clair avec ses intentions ? L’énergie est précieuse car elle est limitée. Il faut donc connaître ses limites et planifier les moments de repos », insiste-t-il. 

D’autres exemples de bonne gestion selon lui ? Célébrer les victoires par exemple. En sport, c’est plus facile, car il y a une ligne d’arrivée et de départ. Ou… faire des réunions individuelles dos à dos !

Dans les situations où on n’est pas là pour se parler, mais pour se comprendre. Quand l’écoute est importante et que l’on n’a pas besoin d’avoir accès au langage corporel. »

En guise de conclusion, et pour revenir au sujet du salaire, le professeur Jacques Forest lance un défi à l’auditoire : « prenez votre salaire et divisez-le par 7 200 000 ». Chacun s’exécute, avec l’aide de la calculatrice du téléphone.

Le professeur reprend :

Vous voyez devant vous votre salaire à la seconde. Est-ce que cela vous motive ? Pas vraiment, n’est-ce pas ? Ce qui montre qu’il faut se concentrer avant tout sur la satisfaction des besoins psychologiques. Pour être bon, il faut être bien. »

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