Les 3 tendances visuelles 2018, version Getty Images
Pour la quatrième année consécutive, Getty Images a sollicité l’expertise de ses «anthropologistes de la photo» pour analyser 1 milliard de requêtes et 400 millions de téléchargements dans sa banque d’images, afin de dégager les tendances visuelles de l’année à venir. Voici un aperçu de 2018.
5 février 2018
L’année dernière, Getty Images avait identifié 6 concepts ou tendances visuelles qui allaient alimenter l’esthétique artistique, médiatique et publicitaire en 2017. Avec le recul, on constate que la banque d’images a visé juste en choisissant des thèmes qui ont résonné tout au long de l’année: «virtualité», «couleurs vives», «sans filtre», «femmes déterminées», «village global» et «nouvelle naïveté».
Cette année, Getty Images s’est limitée à 3 tendances, tout aussi évocatrices.
1 – L’histoire de l’art au service des minorités
La première tendance s’intitule «Seconde Renaissance» et s’explique ainsi:
Nous voyons une seconde Renaissance en photographie; des images calmes, contemplatives, inspirées par l’histoire de l’art.»
Ce dont il est réellement question, ce sont les groupes vulnérables (comprendre: les femmes, les minorités ethniques ou autres) qui se réapproprient la Grande Histoire et les codes visuels du groupe majoritaire (comprendre: les hommes blancs occidentaux) pour donner de la force à leurs propos.
Pour soutenir cette thèse, les auteurs du manifeste des tendances visuelles citent 3 exemples: la couverture de l’album A seat at the table, où la chanteuse Solange Knowles prend la pose de la Monna Lisa; la couverture de l’album Gang Signs & Prayer du rappeur Stormzy, évoquant le dernier repas du Christ version gang de rue et le dossier du Harpers’ Bazaar qui revisite des peintures classiques.
2 – Explorer des réalités inventées
La seconde tendance s’intitule «Réalisme conceptuel» et répond au besoin que les gens ont de fuir une actualité politique déprimante et un quotidien désenchanté pour visiter des mondes imaginaires, certes inventés, mais ayant une touche de réalisme.
À mesure que la confiance dans les médias diminue, nous avons faim d’une imagerie qui a l’air réel, même lorsque l’idée qui la soutient ne l’est pas.»
Des exemples à l’appui: la prolifération d’égoportraits mettant en scène des gens avec des têtes d’animaux surdimensionnées en plastique ou la multiplication des images introduisant des personnages de fiction ou des personnages en peluche dans des lieux réels.
Imaginons le surréalisme français, en version numérique.
3 – Réinventer la masculinité
La troisième tendance est la suite naturelle à donner à la vague de dénonciations d’abus et de violences sexuelles #moiaussi qui a secoué l’industrie culturelle en 2017.
Les auteurs attribuent ce courant à la «génération de Milléniaux qui rejettent les stéréotypes masculins véhiculés en publicité» et saluent au passage la proposition de la UK’s Advertising Standards Authority de bannir l’expression de stéréotypes de genre dans la publicité, incluant «le père qui échoue à faire les tâches domestiques les plus simples».
L’idée est de réinventer les codes masculins.
Déjà en janvier, Vice – Québec donnait le ton de cette tendance avec un court reportage à la fois touchant et surprenant, où «des garçons nous parlent de l’importance de pleurer»:
L'importance de pleurer selon de jeunes skateurs
Des garçons nous parlent de l'importance de pleurer.
Posted by VICE Québec on Thursday, January 25, 2018