L’habit fait-il le «créa»?
Dans un sondage de 2014 mené par Classes & Careers, 70 % des gestionnaires déclaraient ne pas vouloir des candidats qui s’habillent «tendance» ou «à la mode». Ce constat s’applique-t-il dans le secteur créatif? Nous en avons parlé avec Dany Renauld, coprésident de l’agence Brad, pour connaître ses attentes lorsqu’il reçoit un «créa» en entrevue.
23 février 2018
Quand Dany Renauld cherche à pourvoir un poste de créatif publicitaire, il est à la recherche d’un animal bien particulier:
Si tu cherches un comptable, tu regardes ses relevés de notes… alors qu’un créatif, c’est plus complexe que ça. Les gens artistiques ont des parcours académiques variés. Nous, chez Brad, on recherche des talents créatifs. C’est comme avoir des mains au hockey. Tu n’apprends pas à avoir des mains, tu les as ou tu ne les as pas. Il faut avoir un talent créatif à la base.»
Cela étant dit, le coprésident ne s’attend pas à ce que le talent créatif s’exprime outre mesure dans l’habillement.
On ne cherche pas les effets de toge, précise-t-il. Si la personne se déguise en créatif (en portant un chandail noir et des espadrilles Converse, par exemple) on va s’en rendre compte assez rapidement au moment des questions.»
Quelles sont ses attentes, alors?
Tout d’abord, on s’attend à ce que le candidat soit bien mis, peu importe son choix vestimentaire. Il peut porter un complet-cravate, un tailleur ou un jean troué s’il le veut, tant que c’est soigné.»
Ensuite, on veut sentir la personnalité du candidat. En publicité, on cherche des gens avec des personnalités. Alors, on veut sentir la personnalité du candidat à travers son habillement.»
Le dernier point:
On s’attend à ce que la personne soit à la page, ou du moins à l’affût des tendances. Et ce n’est pas une histoire de marques ou d’argent. Pas besoin de porter du Gucci. Un créatif doit être avant-gardiste. En création, l’habillement fait partie du style de la personne.»
Subjectif, malgré tout
Dany Renauld admet que les goûts vestimentaires d’une personne sont éminemment «subjectifs» et que lui-même n’embauche pas une personne «en raison de son habillement», ou parce que celle-ci serait «bien ou mal habillée».
On demande d’autres choses, évidemment. On veut voir ses réalisations et connaître sa philosophie de création. Un créatif, à la base, on veut qu’il soit bon.»
À cela s’ajoutent des considérations qui sont hors du contrôle du candidat:
On essaie toujours d’avoir dans notre équipe un équilibre gars-fille, puis au niveau des âges, pour demeurer au fait des nouvelles tendances.»
Il n’en demeure pas moins que la première impression laisse une marque chez le recruteur.
Peu importe le métier, la première impression est capitale», reconnaît le coprésident de l’agence Brad.
Bonne entrevue!