Photo dans le CV : pourquoi tant de pudeur ? Reviewed by Philippe Jean Poirier on . 29 avril 2022 À une époque où une majorité de professionnels s’affichent tout sourire sur LinkedIn, il est à se demander si cette pratique n'est pas un peu... a 29 avril 2022 À une époque où une majorité de professionnels s’affichent tout sourire sur LinkedIn, il est à se demander si cette pratique n'est pas un peu... a Rating: 0

Photo dans le CV : pourquoi tant de pudeur ?

29 avril 2022

À une époque où une majorité de professionnels s’affichent tout sourire sur LinkedIn, il est à se demander si cette pratique n’est pas un peu… anachronique. Voyons l’argumentaire mis de l’avant par les partisans du CV sans photo et l’opinion de notre journaliste sur le sujet.

Généralement, la raison évoquée pour bannir la photo du CV est pour éviter qu’un recruteur fasse de la discrimination consciente ou inconsciente envers un candidat. Cette discrimination est démontrée sur la simple base d’un nom ayant une consonance différente du groupe majoritaire. Alors on peut présumer que la photo joue dans le même registre, en suggérant un âge et une origine ethnique.

Sur le site de Robert Half, on répond « non! » à cette pratique, en soumettant cet argument :

Ne donnez aucune raison à un futur employeur d’ignorer votre expérience et vos compétences en orientant votre CV vers votre apparence Â»

Et LinkedIn, dans tout cela?

Le hic, avec cette approche, c’est que nous vivons à une époque où existe un réseau nommé LinkedIn. Nous vivons à une époque de transparence à tout crin où, selon les récents sondages, candidats et recruteurs ont choisi d’être massivement présents sur la plateforme de réseautage professionnel et n’en font aucune cachette.

Pour preuve:

  • Dépendant du secteur d’activités, de 64% à 97% des utilisateurs de LinkedIn affichent une photo deux même sur le réseau (source : JPD Photo, 2018);
  • La majorité des employeurs regardent le profil LinkedIn (67%) dans le processus d’évaluation des candidatures (source : The Manifest, mars 2020);
  • 70% des recruteurs disent vérifier les médias sociaux des candidats qu’ils reçoivent (source : The Ladder, juin 2019);
  • 47% vont jusqu’à affirmer qu’ils n’appelleront pas en entrevue un candidat qui n’a pas de présence sur les médias sociaux (source : The Ladder, juin 2019);
  • 71% admettent avoir déjà rejeté une candidature en raison de la photo de profil, et ce, en dépit des compétences requises pour le poste. (source : Passeport-photo.online, février 2022)

Dans une majorité de cas, on peut ainsi présumer que l’employeur ou le recruteur a vu la tête du candidat avant de l’appeler en entrevue, grâce à la magie des médias sociaux.

Le sondage de Passeport-photo.online suggèrent que les recruteurs sont sensibles aux signaux « subjectifs Â» d’une photo LinkedIn. Ils jugent la qualité de production du portrait, mais l’authenticité qui s’en dégage. Pourquoi ne pas jouer cette carte à notre avantage? C’est-à-dire, utiliser la photo pour communiquer une part de notre aura, de notre charisme, de notre «personnalité»?

Personnaliser le processus

Je ne me prétends pas être un expert en recrutement ni en recherche d’emploi. Je formule la présente opinion en tant que journaliste « observateur du monde RH Â». Et aussi en tant que personne qui a été chercheur d’emploi par le passé.

Mais voilà. Je m’étonne qu’il soit encore mal vu et déconseillé par plusieurs – en 2022 – d’inclure une photo dans son CV. Plus largement, je m’étonne aussi du virage engagé par plusieurs entreprises vers une « anonymisation Â» des candidatures à l’étape de sélection. J’en comprends les raisons. Je crois en comprendre les enjeux. Mais cacher l’unicité d’une personne plutôt que l’accueillir. Cacher la diversité (au sens large) plutôt que la célébrer. Pour moi, ça coince.

Une entreprise, faut-il rappeler, n’embauche pas « des compétences Â», mais une personne bien réelle. Et pourtant, on demande à ce candidat-bientôt-employé de cacher son visage, son nom et ses traits distinctifs pour espérer être embauché? Je m’étonne, donc. Et je me demande aussi s’il n’y a pas lieu de le regretter.

Qu’en pensez-vous ?

A propos de l'auteur

Philippe Jean Poirier

Philippe Jean Poirier est un journaliste qui se passionne pour les mots, l’écriture, la recherche, la collecte de témoignages, les tendances sociétales et les raisons souterraines qui alimentent l’actualité. Email: pj_poirier@isarta.com

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