Comment les managers doivent adapter leur discours pour faire accepter les politiques de télétravail de leur entreprise
15 juin 2022
Des gestionnaires ont le travail ingrat d’appliquer des politiques de télétravail plutôt rigique – impliquant un nombre fixe de jours par semaine au bureau – alors que plusieurs employés voudraient rester à la maison ou alors choisir eux-mêmes leur horaire. Se dirige-t-on vers un mur? Pas si on se donne les moyens de mieux communiquer, croit le coach en développement professionnel Jean-Luc Dupont, qui a conçu un outil pédagogique pour faciliter le dialogue entre gestionnaires et employés.
En tant que coach de gestion, Jean-Luc Dupont est un adepte de l’outil d’évaluation psychologique Myers Briggs Type Indicator ou MBTI, qui permet de classer les gens selon des traits de personnalité dominants. Comme plusieurs gestionnaires vivent l’enjeu du retour au bureau, il a eu l’idée d’adapter la grille de lecture du MBTI à ce contexte précis.
Auteur du livre Vous êtes uniques, vos interlocuteurs aussi! – portant sur l’approche MBTI-, le coach de gestion a adapté son matériel pédagogique dans un outil en ligne «gratuit et interactif» visant à vulgariser les 4 types de traits dominants d’une personne lors de la prise de décision. Le contenu est livré à travers la description de quatre employé ou profil type ayant chacun un trait dominant : Tiago (Pensée introvertie) Terence (Pensée extravertie), Fiona (Sentiment introverti), Félicie (Sentiment extraverti).
Nous avons tous une manière naturellement de percevoir l’information et de prendre des décisions. Certains répondent davantage à des arguments logiques, alors que d’autres à des arguments émotionnels », explique-t-il.
Pour convaincre une personne de revenir au bureau, poursuit-il, il faut d’une part lui soumettre des arguments qui résonnent en elle – puis, d’autre part, éviter d’insister sur des arguments qui provoquent son aliénation.
En cliquant sur un profil de l’outil pédagogique, on a accès à trois informations clé : la description du profil, les faux pas «à éviter» et les « dangers » si ce profil ne se sent pas « écouté ». Car le manque d’écoute est un problème récurrent constaté par Jean-Luc Dupont au sein des managers.
Beaucoup de gestionnaires essayent de convaincre les employés en ayant préparé un discours plutôt qu’en réagissant à ce que la personne a dit. »
En parcourant l’outil pédagogique, on découvre peu à peu les sensibilités particulières de chaque profil. En présence d’une personne ayant une «pensée introvertie», on a tout intérêt à miser sur les faits, les rapports, les analyses. En présence d’une personne ayant une «pensée extravertie», insister sur les règles, aux procédures, aux politiques. Les «sensibles introverties» répondront aux valeurs de bienveillance et d’empathie, tandis que les «sensibles extraverties» voudront s’assurer que tout le monde est écouté.
Se connaître d’abord
Lorsqu’un manager entreprend de s’initier à la méthode du MBTI, le but n’est pas nécessairement de pouvoir évaluer soi-même chaque employé, mais plutôt, dans un premier temps, de se comprendre soi-même.
La première règle du MBTI, c’est : connais bien ton profil, et ne sois pas trop dans ton profil. Quand une personne a bien compris son profil, elle apprend à ne pas abuser de certains types d’arguments. »
Le coach de gestion constate un problème de terrain : des managers qui ne réussissent qu’à mobiliser les membres de son équipe qui partagent leur profil. En développant un argumentaire plus diversifié, ils peuvent dès lors mobiliser toute leur équipe de travail.
Quand on veut convaincre une équipe de travail, il faut utiliser les quatre modes de prise de décision : il faut analyser la situation de manière logique (pensée introvertie), il faut choisir des règles claires qui s’appliquent à tous (pensée extravertie), il faut montrer aux gens qu’on prend soin d’eux (sensible introverti) et ensuite il faut les écouter (sensible extraverti). »
Dans un monde idéal, conclut le coach, les personnes responsables de la conception des politiques de télétravail devraient avoir en tête ces quatre modes de prise de décision, afin de donner de meilleurs arguments aux gestionnaires qui devront ensuite l’appliquer.