Quelle visibilité pour les créateurs de contenu «dans» ChatGPT?
21 mars 2024
De plus en plus d’Internautes vont directement dans ChatGPT pour trouver des réponses à leurs questions plutôt que de surfer sur Internet et consulter des sites ou des blogues thématiques. D’une certaine manière, la plateforme d’OpenAI coupe alors l’herbe sous le pied des créateurs de contenu, en ne les référant pas, très peu ou très mal dans ses réponses. Faut-il s’en inquiéter ? Nous avons posé la question à des intervenants du secteur.
Bien sûr, le phénomène n’est pas nouveau. Depuis longtemps, le moteur de Google a pris la fâcheuse habitude d’extraire les réponses glanées sur des sites et de les donner à consultation sans que l’Internaute ait besoin de se rendre sur le site Web qui donne la réponse. Or, ChatPGT amène ce procédé à un autre niveau, puisqu’il fournit des réponses « inspirées » du Web, mais en effaçant les sources dans le processus algorithmique.
Ça peut être inquiétant pour ceux qui monétisent les clics sur leur site, concède Frédéric Bastien Forrest, stratège numérique. Il reste à voir si OpenAI cannibalise réellement le moteur de recherche de Google, à quel pourcentage et pour combien de temps. Éventuellement, les créateurs de contenu les plus innovateurs trouveront le moyen de faire du SEO dans ChatGPT. »
Le développeur Web Éric Senterre, lui, espère que les principaux joueurs de l’IA générative sauront faire une place aux référencements :
C’est certain qu’il y aura probablement moins de consultation des sites avec certains contenus, dit-il. Toutefois, je crois que les principales plateformes suivront l’exemple de Microsoft CoPilot et citeront leurs sources. Cela pourra amener un certain trafic, même si on ne pourra plus naviguer à travers des pages et des pages de résultats. Seuls les plus pertinents (souhaitons-le) sortiront du lot.»
Jean-Luc Trussart, enseignant en intégration multimédia, rappelle qu’il y a encore beaucoup d’inconnus dans l’équation :
L’impact dépendra sûrement du modèle d’affaires de l’IA générative à long terme: est-ce que les plateformes comme ChatGPT et Gemini proposeront un abonnement, de la publicité, etc… »
Pour Annik Perron, consultante en communication, la cause est déjà entendue:
Les IA (chatGPT, Gemini et cie) vont finir par adopter une formule de référencement semblable à celle des GAFA. Pour moi, c’est clair et net. »
Des doutes sur l’efficacité de ChatGPT comme moteur de recherche
Dans l’ensemble, les professionnels du Web consultés pour l’article partageaient un scepticisme envers le scénario d’une IA générative qui s’impose comme moteur de recherche auprès du grand public.
J’ai encore à être impressionné par les résultats rendus par l’IA, que ça soit ChatGPT ou Gemini, dit Pascal Côté, spécialiste en référencement SEO. En fin de compte, l’IA te donne ce que tu lui demandes; et dans certains cas, en omettant des données fiables ou de qualité. On a beau lui donner des modèles de données et des règles à respecter, il y aura toujours les fameuses « hallucinations » qui vont finir par arriver. Ce n’est pas un outil qui a – pour le moment – un moteur logique très développé. »
Pour Mélanie Lavigueur, créatrice de contenu optimisé avec l’IA, il manque la dimension de « divertissement » pour faire de ChatGPT un moteur de recherche:
Nous devrons tous devoir nous adapter, et non, ça ne me fait pas peur! Déjà , la génération Z ne « Google » plus, elle fait ses recherches sur Instagram et sur TikTok. Les entreprises peinent à se revirer de bord et à s’adapter. Oui, c’est de plus en plus simple de centraliser l’information avec l’IA. Mais je ne pense pas que ce soit sur ChatGPT que les gens apprendront à cuisiner. Généralement, on préfère apprendre en se divertissant. Et l’IA n’est pas bon pour ça, divertir. Là où ça devient intéressant, c’est quand les créateurs de contenu arrivent à utiliser l’IA à leur avantage pour créer plus de contenu, tout en gardant leur essence. »
La rédactrice Alexandra Martel, autrice d’un livre blanc sur l’IA générative, espère convaincre les gens des limites de cet outil de recherche.
Plus les gens vont être éduqués sur les erreurs absurdes que peuvent faire les LLMs, plus ils vont développer le réflexe de contre-vérifier les informations données par une IA. Éventuellement, je pense que la notion d’auteur·trice d’un texte va avoir plus d’importance, autant en SEO qu’aux yeux des gens en général. On va vouloir savoir qui prend la « responsabilité » de la véracité et de la qualité des informations partagées. »
Ce serait effectivement souhaitable. À la vitesse à laquelle évoluent les nouvelles plateformes d’IA générative, nous aurons la réponse aux questions de visibilité et de véracité des contenus… bien assez vite!
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